2.1 Du four au terrain
Un petit tour de Stang-Venn pour un grand tour de l'histoire des Paotred ; je vous propose cette fois de pousser la porte de la boulangerie-alimentation de « Fanch et Jeanine ». Un premier pied posé dans le bar attenant, des photos de Paotred qui tapissent sans fin kes murs de l'estaminet, un tableau de résultats constamment mis à jour, me voilà porté dans la vie d'un inconditionnel joueur-supporter des jaunes et noirs : « Fanch Ster ».
Guidé par l'odeur de croissants chauds en attente d'être croqués, je retrouve François à 78 ans bien sonnés, les mains dans la farine ... Le temps de nous installer, de parcourir un dossier souvenir conservé avec amour, que le faciès de Fanch se durcit, le sourire s'estompe, le visage est maintenant glacial comme la couleur d'une farine de très haute qualité. Je le connais, le bougre au caractère bien trempé, il n'a pas aimé la descente de l'an passé et ce niveau jamais atteint dans la hiérarchie du football régional. Ce coup porté au « père François » a laissé quelques traces ... Notre « Fanch » qui toute sa vie durant, n'aura de toutes façons d'yeux que pour les jaunes et noirs.
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2.2 Un boulanger pétri de qualités
Né à Stang-Venn en 1930, fils d'un père boulanger trop vite disparu, François épouse Jeanine en 1959. Ils donneront toute leur vie à l'alimentation de la Vallée-Blanche. Les voyages, les 35 heures, ce n'est pas pour eux. À 16 ans, « Fanch » signe sa 1ère licence : il sera gardien de but de l'une des deux seules équipes qui forment le club des Paotred. Les entrainements n'existaient pas à l'époque, mais seulement quelques tours de terrain à la fin du mois d'août à Ker-Anna, pour peu que les vaches de la ferme voisine n'occupent les lieux et que les hautes herbes aient été fauchées par René Le Meur et compagnie.
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2.3 Paotred et infidélités ...
Paotred jusqu'au bout des gants, le gardien bondissant « pétri » de qualités ne supportait pas l'échec. Les après-matches de défaite à Furiani n'étaient pas tristes parfois. Pour s'en convaincre, il suffisait de s'attarder dans les alentours du lavoir, lieu de douches collectives placé au coin du stade pour voir François pratiquer le jeu de « taureau piscine » ou le droit pour l'adversaire à un voyage gratuit et direct dans les troëns de la hair d'en face ... C'était cela Fanch Ster, un personnage entier que l'on aime comme cela. Jugé trop petit pour jouer en équipe A à Quimperlé en 1948, il claque la porte et s'en va à ... l'AEG pour une saison. Un affront de sa vie de Paotred vite réparé car il réintègre le club la saison suivante pour devenir le gardien titulaire indiscutable et accéder avec ses copains à la première division de district en 1950/51.
Jamais gravement blessé, Fanch laissera tout de même quelques morceaux de cartilage nasal à l'hôpital de Quimper. Un doigt un peu raide ou retourné, une hanche qui dévisse, une clavicule qui se déboîte, les nombreux rebouteux de la région connaissent tous notre « Fanch local » qu'il fallait « réparer » les soirs de matchs car le pain frais du lendemain matin ne pouvait attendre ...
1959, le mariage, le commerce et les longues nuits au fournil, il était temps pour notre gardien de feu de retirer ses gants. Désormais, une autre carrière débutait pour lui au club : supporter infatigable, organisateur de pronostics, de déplacements en car et autres, son dévouement était total. Inutile aujourd'hui de le rouler dans la farine, notre ami « Fanch ».
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