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[modifier] Solidarités îliennes et celtitudes

Billet du 17.06.2017 - En 1852, sur une île perdue au large du Finistère, une épidémie abat tout le troupeau de moutons, et les pêcheurs peinent à rapporter de quoi nourrir leurs familles. Moïra, accusée de sorcellerie, s'inspire des idées des îliens en provoquant un naufrage pour piller l'épave ...

Ce livre est un très bel ouvrage composé par deux sœurs passionnées de cinéma, rassemblant une sélection de 102 films tournés en Bretagne et représentatifs des multiples facettes de la région. Parmi ceux-ci, les 4 pages (p. 74-77 du chapitre "Les îles, un monde à part") consacrées au film « Les Naufrageurs » réalisé en 1958 par Charles Brabant et produit par Gwenn-Aël Bolloré : « Lorsque, confrontés à l'imminence d'une famille, les îliens cherchent une solution, c'est tous ensemble qu'ils décident de commettre un crime en provoquant un naufrage ».

Outre sa femme, Renée Casima, dans le rôle de la jeune sorcière Moïra, Charles Vanel figure au casting du film. Aujourd'hui, le film fait partie du catalogue de Tamasa-Distribution qui dispose des droits pour le distribuer dans les salles de cinéma. Mais le film n'a pas encore été édité en vidéo pour une diffusion VOD ou DVD.

Interrogé par André Espern, Gwen-Aël Bolloré présente son film ainsi : « Les Naufrageurs, c'est une île qui s'appelle Blaz-Mor [1] , une île qui ressemble étrangement à Ouessant, à Sein, c'est plus haut que les Glénan, une île. Et comme ils n'ont rien à croûter, ils font les naufrages. »

Un roman, inspiré par le scénario du film, a également été écrit par Gwen-Aël Bolloré et publié aux Editions de la Table Ronde : « Moïra la Naufrageuse ». Mais le sujet du livre est développé de façon très différente du script du film de Charles Brabant. Notamment pour le lieu (village Blaz-mor [*] et non l'île imaginaire), pour les personnages, uniquement 3 dans le livre (Yannick, Louise et Moïra), pour la noirceur de Moïra la sorcière dans le roman, et plus ambigüe dans le film, et enfin pour la morale de solidarité ilienne dans le film alors que le livre est bien plus inspirée de légendes celtiques.

Deux mois avant la sortie officielle du film du 28 janvier 1959, une projection historique fut organisée dans la ville de Quimper, sans doute dans la grande salle de l'Odet-Palace (ou alors au Bretagne qui s'appelait le Gradlon avant 1965), avec un grand vin d'honneur pour 27 personnalités invitées nominativement.

On trouvera dans l'article référencé le facsimile de l'invitation avec l'identification des 27 noms qui sont soit des proches de la

 


famille du producteur Gwenaël Bolloré, soit les personnes impliquées dans la réalisation du film, soit des personnes influentes du monde de la presse (Paris-Match, Journal du dimanche, Bretagne à Paris) et du cinéma.

Le photographe Etienne Le Grand (né en 1911-12 d'un père photographe d'origine gabéricoise) présent pendant le tournage du film à Kerity, et 22 de ses négatifs sont conservés au Musée de Bretagne de Rennes, présentant les acteurs et les prises de vue lors du naufrage du bateau à Kerity-Penmarc'h : Site Internet du Musée de Bretagne.

Les scènes photographiées sont celles prises sur le site de Kerity-Penmarc'h avec les acteurs principaux (Charles Vanel, Renée Cosima ...), et le bâteau qui sera volontairement naufragé sur les rochers. Les deux dernières photos de la collection sont prises à la nuit tombée.

Dans le film-interview d'André Espern, le producteur et scénariste Gwenn-Aël décrit son rôle dans le tournage du naufrage : « Dans le scénario le bateau qui ne voyait plus les feux, devait s'écraser du côté de Penmarc'h. Quand on a été pour tourner, personne ne voulait prendre la barre, parce que le type était seul. Tout le monde s'est tourné vers moi, car c'est moi qui avais écrit le scénario. Je me suis déguisé en marin hollandais, avec des bottes et une casquette, et puis j'ai été droit sur les cailloux, il y avait un peu de mer. C'est très impressionnant, puisqu'avec une barre franche, résister à la tentation de tourner la barre pour éviter les cailloux, c'est dur pour un marin. »

En savoir plus : « BLANCHARD Nolwenn et Maria - La Bretagne au cinéma », « 1958 - Première mondiale du film Les Naufrageurs à Quimpe », « Etienne Le Grand, clichés du tournage du film "Les Naufrageurs" de Gwenn-Aël Bolloré », « ESPERN André - Gwenn-Aël Bolloré, l'homme crabe »


Note : [*] Blaz signifiant à la fois « goût » ou « saveur », mais aussi « odeur » - dans un sens péjoratif (mauvaise odeur), et Mor signifiant « mer », la traduction du nom de l'île peut ainsi être double et présenter la même ambiguïté que ses habitants : « le goût de la mer » où « l'odeur (mauvaise) de la mer ». Cette dualité, voire cette opposition, est très présente dans le film. Source : Wikipedia.