Discuter:Déguignet - Q2 - GrandTerrier

Discuter:Déguignet - Q2

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Clément VI (1292-1352), d'origine française (Pierre Roger), 4e pape d'Avignon

Pierre Roger est né à Rosiers d’Egletons (diocèse de Tulle) en 1292 d’une famille de petite noblesse. A l’âge de 10 ans, il devient novice à la Chaise-Dieu. Destiné à la vie monastique, il est surtout remarqué par sa prodigieuse mémoire, ses facilités d’expression et la justesse de son jugement. L’abbé de La Chaise-Dieu l’envoie étudier à la Sorbonne en 1307, alors qu’il n’a encore que 15 ans.

Il y fait des études de philosophie, de théologie et sans doute de droit. Il est fait docteur en théologie en 1323 avant d’avoir achevé le curriculum complet. Ordonné prêtre, il se fait remarquer pour ses talents oratoires. Nommé Proviseur à la Sorbonne, il y enseigne jusqu’en 1327. C’est à cette époque qu’il se lie d’amitié avec le Cardinal de Mortemar (également du Limousin), ainsi qu’avec le fils du roi, le futur Jean le Bon, et avec le fils du roi de Bohême, le futur empereur Charles IV.

Il se lie également avec le futur philosophe Jean Buridan, célèbre pour son paradoxe dit de "L'âne de Buridan". L'anecdote est rapportée dans une lettre de 1406 du Père Chartreux Henri de Kalkar (Bulletin de la société d'histoire de Paris et d'Ile de France, Vol. 2, 1875, p.101).

Elle explique un des sophismes de Buridan:
- Tu quare percussisti papam?
- Parter, papam percussi, sed non percussi papam".
(- Toi, pourquoi as tu frappé le pape ? - Père, j'ai frappé un pape, mais je n'ai pas frappé le pape".)

Buridan prétend en fait avoir frappé Pierre Roger avant que celui-ci soit pape.

Dans la version de Buridan, Pierre Roger a été un de ses jeunes "disciples". Les deux hommes se seraient disputés les faveurs d'une jeune femme, et Buridan aurait frappé violemment le futur pape à la tête. Celui-ci, "perdant tout son sang, en aurait eu le cerveau purgé, et aurait de ce fait acquis une fabuleuse mémoire".

Des années plus tard, le pape Clément VI, recevant une liste d'universitaires parisiens "proposés pour des bénéfices", aurait demandé: "mais où est mon ami Buridan? Ce dernier s'était, dit-on, inscrit en dernier, "par humilité devant le pape"... Clément convoque alors Buridan à Avignon, et lui demande donc, sans doute avec malice: "Tu, quare percussisti papam?"

La réponse de son ancien congénère dut lui plaire, puisque, selon Kalkar, Clément VI "condamna" Buridan à "rester à Paris pour y jouir de ses bénéfices".

Bon, on sait que Buridan se plaisait à agrémenter sa vie de multiples légendes, notamment à propos de conquêtes féminines. Et il y a peu de chances que Pierre Roger ait été un "disciple": Les deux hommes ont le même âge ; Roger est entré à l'université à 15 ans, déjà repéré pour ses capacités exceptionnelles. Si les deux hommes ont enseigné la philosophie au même endroit et dans les mêmes années, le futur pape s'est tourné vers la théologie quand Buridan adoptait le scepticisme religieux. Et si les deux hommes sont décrits comme des personnalités particulièrement brillantes du Paris de leur époque, fréquentant tous deux les milieux intellectuels et les "fils de rois", Pierre Roger a toujours un temps d'avance: Par exemple, il est recteur de l'université de Paris jusqu'en 1327... Jean Buridan n’accède à la même charge que l'année suivante.

Par contre, il est vraisemblable qu'ils aient été "Condisciples", à la fois rivaux et respectueux l'un de l'autre. Et tous eux sont réputés pour leur talent en matière de scolastique, et pour leurs liens galants supposés avec des femmes influentes de la cour.

De même, on peut imaginer que la rivalité entre un intellectuel sceptique et un pape ait retenu l'attention de Déguignet ...