Déguignet étudie les sciences naturelles sans les vulgarisateurs charlatans
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En début d'année 1859, alors qu'il est en congé à Paris après sa campagne de Crimée, avant de repartir servir Napoléon III dans sa guerre d'Italie, le soldat Déguignet se focalise sur l'apprentissage, ainsi qu'il évoque dans Mémoires : « <i>le meilleur moyen de s'instruire dans les sciences naturelles, les seules utiles, était d'étudier les choses dans leur nature même</i> ». | En début d'année 1859, alors qu'il est en congé à Paris après sa campagne de Crimée, avant de repartir servir Napoléon III dans sa guerre d'Italie, le soldat Déguignet se focalise sur l'apprentissage, ainsi qu'il évoque dans Mémoires : « <i>le meilleur moyen de s'instruire dans les sciences naturelles, les seules utiles, était d'étudier les choses dans leur nature même</i> ». | ||
- | Et il multiplie ses visites éducatives gratuites dans les musées de la capitale : « <i>Or, toutes ces choses se trouvent ainsi à Paris, clans les musées du Louvre, du Luxembourg, de Cluny, de la Marine, des Arts et Métiers, du Jardin des Plantes, les théâtres, les cours de physiologie, de physique, de chimie et d'histoire naturelle.</i> » - « <i>Et au Jardin des Plantes, on peut voir et contempler toutes les autres créatures de notre petit globe terrestre, avec tous les végétaux qu'il produit naturellement et artificiellement, et les divers minéraux qui forment sa charpente.</i> » | + | Et il multiplie ses visites éducatives gratuites dans les musées de la capitale : « <i>Or, toutes ces choses se trouvent ainsi à Paris, clans les musées du Louvre, du Luxembourg, de Cluny, de la Marine, des Arts et Métiers, du Jardin des Plantes, les théâtres, les cours de physiologie, de physique, de chimie et d'histoire naturelle</i> » ; « <i>Et au Jardin des Plantes, on peut voir et contempler toutes les autres créatures de notre petit globe terrestre, avec tous les végétaux qu'il produit naturellement et artificiellement, et les divers minéraux qui forment sa charpente</i> ». |
Il ne néglige pas non plus quelques sorties culturelles : « <i>quand mes économies le permettaient, j'allais au théâtre</i> », n'ayant pas à faire la queue en tant que militaire, alors que ses collègues voltigeurs <ref name="Voltigeur">{{K-Voltigeur}}</ref> préfèrent aller se distraire dans les « <i>bastringues des barrières</i> » (les guinguettes implantées dans les faubourgs parisiens à l'extérieur de l'enceinte des Fermiers généraux). | Il ne néglige pas non plus quelques sorties culturelles : « <i>quand mes économies le permettaient, j'allais au théâtre</i> », n'ayant pas à faire la queue en tant que militaire, alors que ses collègues voltigeurs <ref name="Voltigeur">{{K-Voltigeur}}</ref> préfèrent aller se distraire dans les « <i>bastringues des barrières</i> » (les guinguettes implantées dans les faubourgs parisiens à l'extérieur de l'enceinte des Fermiers généraux). | ||
- | Par contre, il note dans son camp retranché d'Ivry, l'intrusion autorisée et favorisée de pédagogues se disant les apôtres de l'instruction et de l'éducation moderne : « <i>Ces charlatans, dont le célèbre Mangin était le roi, venaient jusque dans nos casernes nous donner des séances de somnambulisme et de prestidigitation</i> ». Arthur Mangin (1824-1887) est un écrivain et vulgarisateur, auteur de nombreux ouvrages soi-disant scientifiques, notamment « <i>Les phénomènes de l'air</i> » ou « <i>Voyage scientifique autour de ma chambre</i> » . | + | Par contre, il note dans son camp retranché d'Ivry, l'intrusion commanditée de pédagogues se disant les apôtres de l'instruction et de l'éducation moderne : « <i>Ces charlatans, dont le célèbre Mangin était le roi, venaient jusque dans nos casernes nous donner des séances de somnambulisme et de prestidigitation</i> ». Arthur Mangin (1824-1887) est un écrivain et vulgarisateur, auteur de nombreux ouvrages soi-disant scientifiques, notamment « <i>Les phénomènes de l'air</i> » ou « <i>Voyage scientifique autour de ma chambre</i> ». |
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+ | La scène, dont Déguignet est le témoin direct, est celle de Jules Radu (1810-1899) faisant une opération de promotion de sa méthode de "lecture, écriture, calcul, orthographe, dictionnaire français, agriculture, géographie, histoire" approuvée et autorisée par l'Académie : « <i>Quand il eut terminé son boniment, les sergents-majors passaient devant leurs hommes, demandant qui en voulait, et inscrivant d'autorité certains individus qui secouaient la tête. Enfin, moins d'une heure après, nous recevions presque tous le livre merveilleux, pour le prix de cinq francs qui devait être retenu sur notre petite solde.</i> ». | ||
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+ | <br>Le verdict de l'apprenant autodidacte est sans appel : « <i>des modèles d'écriture avec des explications grotesques pour imiter ces modèles ... puis des extraits tronqués et falsifiés de l'histoire de France et de l'histoire sainte; et puis c'était tout, c'est-à-dire rien que des sottises</i> » ; « <i>Si ce grand charlatan breveté et garanti du gouvernement était revenu à la caserne, je crois bien qu'il y aurait passé un mauvais quart d'heure</i> ». | ||
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Version actuelle
Dans ses « Mémoires d'un paysan bas-breton », Jean-Marie Déguignet (1834-1905) donne sa vision de l'importance de s'initier aux sciences naturelles et à la physiologie dans les musées, les cours et même les théâtres. Et il s'insurge sur la nullité des méthodes imprimées produites par des vulgarisateurs qu'il qualifie de charlatans.
Extrait du Cahier manuscrit n° 7 de ses Mémoires. Autres lectures : « DÉGUIGNET Jean-Marie - Mémoires d'un Paysan Bas-Bretone » ¤ « DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale » ¤ « Les 24 cahiers manuscrits de la seconde série des mémoires de Jean-Marie Déguignet » ¤ |
1 Présentation
En début d'année 1859, alors qu'il est en congé à Paris après sa campagne de Crimée, avant de repartir servir Napoléon III dans sa guerre d'Italie, le soldat Déguignet se focalise sur l'apprentissage, ainsi qu'il évoque dans Mémoires : « le meilleur moyen de s'instruire dans les sciences naturelles, les seules utiles, était d'étudier les choses dans leur nature même ». Et il multiplie ses visites éducatives gratuites dans les musées de la capitale : « Or, toutes ces choses se trouvent ainsi à Paris, clans les musées du Louvre, du Luxembourg, de Cluny, de la Marine, des Arts et Métiers, du Jardin des Plantes, les théâtres, les cours de physiologie, de physique, de chimie et d'histoire naturelle » ; « Et au Jardin des Plantes, on peut voir et contempler toutes les autres créatures de notre petit globe terrestre, avec tous les végétaux qu'il produit naturellement et artificiellement, et les divers minéraux qui forment sa charpente ». Il ne néglige pas non plus quelques sorties culturelles : « quand mes économies le permettaient, j'allais au théâtre », n'ayant pas à faire la queue en tant que militaire, alors que ses collègues voltigeurs Par contre, il note dans son camp retranché d'Ivry, l'intrusion commanditée de pédagogues se disant les apôtres de l'instruction et de l'éducation moderne : « Ces charlatans, dont le célèbre Mangin était le roi, venaient jusque dans nos casernes nous donner des séances de somnambulisme et de prestidigitation ». Arthur Mangin (1824-1887) est un écrivain et vulgarisateur, auteur de nombreux ouvrages soi-disant scientifiques, notamment « Les phénomènes de l'air » ou « Voyage scientifique autour de ma chambre ». La scène, dont Déguignet est le témoin direct, est celle de Jules Radu (1810-1899) faisant une opération de promotion de sa méthode de "lecture, écriture, calcul, orthographe, dictionnaire français, agriculture, géographie, histoire" approuvée et autorisée par l'Académie : « Quand il eut terminé son boniment, les sergents-majors passaient devant leurs hommes, demandant qui en voulait, et inscrivant d'autorité certains individus qui secouaient la tête. Enfin, moins d'une heure après, nous recevions presque tous le livre merveilleux, pour le prix de cinq francs qui devait être retenu sur notre petite solde. ». |
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2 Transcription et manuscrit
Cahier n° 7 folios 34-41, Intégrale p. 227-229
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Suite et fin du Cahier 7 et Intégrale avant Campagne d'Italie
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3 Annotations
- Voltigeur, s.m. : dans son sens militaire c'est le fantassin porté en première ligne par un cavalier qui le prend en croupe. Plus généralement, le terme désigne les unités d’infanterie légère d’une compagnie d’élite destinée à agir en tirailleur en avant de la ligne d’un bataillon (Wikipedia). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- 180. Napoléon Bonaparte. La colonne Vendôme fut érigée à partir de 1 200 canons pris à l'ennemi en 1805 (1ères édition des Mémoires dans la Revue de Paris en 1905, p. 620-621). [Ref.↑]
Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet Date de création : Mai 2020 Dernière modification : 30.05.2020 Avancement : [Développé] |