Blog 27.04.2019 - GrandTerrier

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[modifier] Des "botoù-koad" ou sabots de bois

Billet du 27.04.2019 - « J’aime la Bretagne, j’y trouve le sauvage, le primitif. Quand mes sabots résonnent sur ce sol de granit, j’entends le son sourd, mat et puissant que je cherche en peinture. », Paul Gauguin s’installant à Pont-Aven en 1888 à son ami Emile Schuffenecker.

Les propriétés des Nobles et de l'Église ont été saisies, nationalisées et vendues lors de la Révolution française pour résoudre la crise financière. Les manoirs, chapelles et presbytère, métairies, terres agricoles et convenants sont donc privatisés, mais également les coupes de bois.

Dans la sous-série 1Q « Séquestre des bois et forêts » des Archives Départementales du Finistère, il est question de trois saisies organisées, la première est une adjudication de coupes de taillis appartenant au propriétaire noble émigré du manoir de Pennarun, la deuxième est la confiscation de hêtres pour fabriquer des sabots sur le même domaine de Pennarun, et à Lezergué, et la troisième des pieds d'arbres pour sabots également sur les terres de Lezergué et le long de l'allée de la chapelle de Kerdévot.

L'expert en charge de l'estimation du prix des coupes est Gabriel Gestin, garde des bois « abandonnés par les émigrés ». Le propriétaire dé-saisi de Pennarun est « l'émigré Geslin », c'est-à-dire Marie-Hyacinthe de Geslin (1768-1832), un chouan qui s’illustrera dans l'armée de Georges Cadoudal.

L'adjudicataire de cette première coupe est le bien-nommé Corentin Bourgeon, qui devra respecter les règles usuelles listés dans le rapport d'adjudication, notamment de favoriser la repousse en laissant un nombre légal de baliveaux.

  Quelques mois après la vente aux enchères du bois taillis de Pennarun, le garde des bois Gabriel Gestin est chargé d'identifier sur les terres des nobles expatriés des plantations de hêtres pour en faire des sabots. Car cette ressource est devenue vitale pour cause de pénurie et il convient de désigner les lieux réquisitionnables : « où il existe des bois propres à en fabriquer des sabots et les désigner pour faire cesser la pénurie de cette chaussure qui depuis déjà longtemps est montée en une valeur intolérable ».

La loi du 29 septembre 1793, dite du « maximum général » et listant 39 articles de première nécessité à contrôler, a considéré que le prix du sabot devait être limité.

Le garde des bois trouve un certain nombre de hêtres à Pennarun, Lezergué et près de Kerdévot, lesquels arbres étant à maturité pour être débités en sabots. Les prix estimés se mesurent en pieds d'arbres : à Pennarun entre 11 et 15 livres le pied suivant sa circonférence et sa hauteur, alors qu'à Lezergué-Kerdévot il est à 3 à 4 livres, ce qui fait quand même un prix bien supérieur à celui des coupes de bois taillis (30 livres le journal ou demi-hectare).

En savoir plus : « 1794 - Estimations et adjudications de bois taillis ou à sabots à Pennarun et Lezergué »