Blog 21.10.2017 - GrandTerrier

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[modifier] Enquête médiévale sur un don de cire

Billet du 21.10.2017 - Un document en latin, très beau et lisible, daté de 1439, dont nous reproduisons un facsimile complet grand format et la transcription du passage concernant la chapelle de Kerdévot, ainsi que quelques explications et analyse de contenu.

Ce document testamentaire avait été évoqué succinctement dans un article d'Albert Deshayes dans la brochure « Kerdévot 89 » avec une référence documentaire erronée G.92 des Archives départementales du Finistère. C'est là le début de notre enquête.

Après investigation plus poussée nous trouvons l'évocation du document dans une étude intitulée « Le culte de la très sainte vierge dans le diocèse de Quimper » lors du Congrès Marial Breton tenu au Folgoat le 4 septembre 1913, avec cette précision que le défunt fait également un don du cire à la chapelle quimpéroise du Guéodet et l'église neuve de Locronan.

Et dans l'article « Étymologie et histoire de Locronan » du site Infobretagne.com, on retrouve le même document mentionnant ce don l’église neuve de Locronan, et là la cote est bien valide dans le référentiel actuel des archives : référence 2.G.94 folio 17. Et là on peut démarrer une analyse sur la pièce d'origine.

À ce stage de l'enquête, nous avons bien repéré et traduit le passage sur Kerdévot (cf fin du billet), mais nous sommes intéressés pour toute aide pour transcrire plus complètement le document, notamment sur les autres lieux concernés par le partage de l'héritage du défunt.

Le document démarre par la formule sacrée « In nomine sancti et judundui nuntatis patris et filii et spiritus sancti » (Au nom des saints et toutes nouvelles du père et fils et saint esprit).

Il s'agit du testament d'un dénommé « Johannes Monachi », c'est-à-dire Jehan Moyne ou Jean Lemoine. Monachus peut représenter soit un patronyme soit le statut ou profession de moine. Du fait de la terminaison en "i" (et non en "us"), la seconde hypothèse serait corroborée par le commentaire du chanoine Paul Peyron dans son étude du cartulaire de l'église de Quimper : « le nom de famille s'écrit toujours au génitif, ce qui permet de le distinguer du nom de baptême ou du qualificatif indiquant la profession. ».

Dans le chapitre "Fondations", page 348, Paul Peyron nous présente ainsi le document : « 1439. Johannes monachus, le Moine ou Manac'h, fonde un obit en l'église de Notre-Dame de la Cité, et donne par testament 2 livres de cire à l'église de Notre-Dame de Kerzevot en Ergué-Gabéric, et à l'église nouvellement érigée à Locronan en l'honneur de Notre-Dame. »

Notre-Dame de la Cité, en latin « Capella beate Marie de Civitate », ou chapelle Notre Dame du Guéodet, était une chapelle importante de la ville close de Quimper, et Paul Peyron parle d'obit ou fondation pour une messe anniversaire du défunt.

 
Datation 1439 : (anno Domini) millio CCCC° tricesimo nono

Pour Locronan, Johannes Monachus « lègue par testament à la fabrique du prieuré une rente de 10 sols monnoie, à charge d’une messe annuelle. Plus 5 sols monnoie à l’hôpital de Saint-Eutrope, et 2 livres de cire à l’église neuve de Notre-Dame », si l'on se réfère au site Infobretagne.com. L'église neuve est la chapelle Notre-Dame de Bonne-Nouvelle dite « Kelou-mad ».

En refaisant la transcription du passage relatif à Kerdévot, on ne peut que reprendre les termes du résumé de Paul Peyron, à savoir que le don est bien la fourniture de cire de cierges pour éclairer la chapelle et peut-être comme aujourd'hui pour y faire des vœux : « Item do volo et lego ecclesia sen capelle beate maria de Kerzevot in parochia de ergue gaberic duae ad librae cira » (Et ceci aussi je veux et lègue à l'église ou chapelle sainte Marie de Kerdévot en la paroisse d'Ergué-Gabéric deux livres de cire).

Fin du passage gabéricois : ... ergue gaberic duae ad librae cira

En fait le passage de Kerdévot est inclus dans un paragraphe indiquant deux autres dons équivalents de cire, ce d'une part à la nouvelle église de Locronan, et d'autre part à une autre chapelle mariale qui n'est pas identifiée.

Cette dernière aurait pu être la chapelle du Guéodet car une légende y fait état que, pour remercier la vierge d'avoir protégé le lieu de la peste, une procession était organisée les deux février de chaque année, et la bougie ne devait pas s'éteindre sous peine de voir la ville engloutie par les eaux. Peut-être que les cierges de Kerdévot étaient nécessaires aussi pour commémorer la victoire contre la peste d'Elliant !

En savoir plus : « 1439 - Testament de Johannes Monachus pour la cire de la chapelle de Kerzevot »