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Et voici qu'en 1949-50 le supposé chef de bande Gaston Poux fait une demande de révision de son procès où il a été condamné à 15 ans de travaux forcés, en rédigeant une déclaration de 28 pages dactylographiées. Ce dossier, conservé aux Archives Nationales, est accompagné de nouvelles auditions et de rapports circonstanciés rédigés par la Police judiciaire de Rennes. Ces documents donnent une vision différente des faits repris par les journaux lors du jugement des Assises de Quimper. Et voici qu'en 1949-50 le supposé chef de bande Gaston Poux fait une demande de révision de son procès où il a été condamné à 15 ans de travaux forcés, en rédigeant une déclaration de 28 pages dactylographiées. Ce dossier, conservé aux Archives Nationales, est accompagné de nouvelles auditions et de rapports circonstanciés rédigés par la Police judiciaire de Rennes. Ces documents donnent une vision différente des faits repris par les journaux lors du jugement des Assises de Quimper.

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[modifier] Meurtre de René Lasseau à la Salle-Verte

Billet du 17.03.2019 - « Odieusement condamné, le 9 juillet 1948 à 15 ans de travaux forcés et à la peine accessoire de 20 ans d'interdiction de séjour par la Cour d'Assises du finistère, alors que je suis innocent, ma conscience et ma dignité d'homme se refusent à accepter cette iniquité. », Gaston Poux 1949.

Cette affaire a eu localement un immense écho de fin 1946 jusqu'au procès aux Assises en juillet 1948, car l'enquête a duré de longs mois et les meurtriers ont été recherchés dans un climat de peur et de psychose. Les journaux régionaux ont rendu compte de l'enquête, et le procès a été à la une de l'hebdomadaire « Détective » sous le titre « Voici, aux Assises de Quimper, LA BANDE À POUX (BEND-EN-LAOU) qui terrorisa longtemps la campagne bretonne », avec un jeu de mot scabreux sur le patronyme POUX (Laou désignant le poux en breton, "penn-laou" étant l'insulte suprême de "tête de poux").

Et voici qu'en 1949-50 le supposé chef de bande Gaston Poux fait une demande de révision de son procès où il a été condamné à 15 ans de travaux forcés, en rédigeant une déclaration de 28 pages dactylographiées. Ce dossier, conservé aux Archives Nationales, est accompagné de nouvelles auditions et de rapports circonstanciés rédigés par la Police judiciaire de Rennes. Ces documents donnent une vision différente des faits repris par les journaux lors du jugement des Assises de Quimper.

Le rapport de Gaston Poux pour sa « libération dont le couronnement sera la reconnaissance officielle de (s)on innocence et (s)a réhabilitation. » est frappant par le ton de sincérité et de violence contenue contre un commissaire qu'il considère comme « marron ». Les détails de son arrestation et l'instruction à charge contre lui et son acolyte présumé Henri Bourmaud sont dignes d'un scénario de roman policier.

Le contexte du meurtre est une expédition punitive un soir de 23 décembre 1946 avec tir de mitraillette « américaine » contre le fils aîné dans la cour de la ferme de la « Salle-Verte » tenue par son père René Jean Lasseau. Cela se passe alors que la victime est en train de soigner et donner à manger à ses chevaux.

Un prisonnier de guerre allemand, Walter Buskis, qui aide le jeune Lasseau à l'écurie, assiste impuissant à la scène et évite la fusillade. À cette époque, de nombreux prisonniers de guerre étaient réquisitionnés dans les fermes gabéricoises. Nous ne savons pas à quelle date le prisonnier de la Salle-Verte a été libéré, mais certains, à l'intar d'Helmut Homilius à la ferme de Kerautret, sont restés à Ergué-Gabéric jusqu'aux années 1950.

Les agriculteurs devaient prouver leur patriotisme pendant l'occupation et pouvaient disposer l'aide d'un prisonnier, moyennant hébergement. La famille Lasseau est considérée comme « joui(ssant) à Ergué-Gabéric d'une considération parfaite ». Il n'en reste pas moins que la recherche du meurtrier et de ses complices est problématique, car la première enquête du commissaire Guy Kergoet, venu de Rennes, est vaine.

La deuxième enquête est menée tambour battant par le commissaire Georges Le Leyour affecté à Quimper grâce à une série de dénonciations et de faux témoignages. Le procès aux Assises aboutira à des peines sévères de travaux forcés à perpétuité pour le meurtrier présumé (Henri Bourmaud) et de 15 ans suivis de 20 ans d'interdiction de séjour dans le finistère pour le complice chef de bande.

 

Ce dernier considère qu'il s'agit d'un complot à connotation politique : « Je ne suis pas originaire du pays, je suis un étranger, dont "suspect". Ne me liant pas facilement, je suis jugé fier. ». Gaston Poux, natif du Jura, habite Paris avant-guerre, et est venu s'installer en Bretagne en 1939 en se mariant à une nommée Renée Lucas, débitant à Ergué-Armel. Il tiendra avec elle le café-tabac au 2 route de Rosporden, dans un quartier qui jouxte l'entrée de la commune d'Ergué-Gabéric.

Les accusations politiques sous-jacentes qui motivent le commissaire Le Leyour sont dues aux accointances de Gaston Poux avec le Parti Social Français qui certes prône la résistance, mais défend une ligne très conservatrice et anti-communiste. L'accusé conteste ce militantisme, se contentant d'avoir « collaboré, et cela de façon bénévole, à un hebdomadaire de vrais résistants ». Le commissaire est accusé d'avoir ameuté « la presse, en l'incitant même à se livrer à une campagne perfide, violente, qui à elle seule, a créé une psychose, une folie quasi-générale soigneusement entretenue, l'ambiance contre laquelle la Justice elle-même ne pouvait plus rien. »

Guy Kergoet est chargé en 1950 d'une troisième enquête à la suite de la demande de révision. Il reprend les éléments d'argumentation de Gaston Poux en concluant « la participation du groupe BOURMAUD-FILLIS-QUINET dans l'affaire dite "de la Salle-Verte" peut être mis en doute », ceci en mettant en exergue les incohérences du dossier d'accusation, et par là même les exactions du précédent commissaire chargé d'enquête.

Mais cela ne suffira pas pour réhabiliter les condamnés Poux et Bourmaud, car d'une part la preuve de leur innocence n'est pas formellement apportée, et seule la culpabilité établie d'un autre meurtrier pouvait, semble-t-il, constituer un élément nouveau nécessaire à la révision éventuelle du procès. Gaston Poux décédera en 1974 à Colmar dans le Haut-Rhin, à l'âge de 81 ans, soit 26 ans après sa condamnation.

En savoir plus : « 1949-1950 - Demande de révision du procès de la tuerie de la Salleverte »