Blog 15.09.2013 - GrandTerrier

Blog 15.09.2013

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[modifier] Des cabanes et des penn-ti

(*) « Penn-ti, s.m. : littéralement "bout de maison", désignant les bâtisses, composées généralement d'une seule pièce, où s'entassaient avec leur famille les ouvriers agricoles et journaliers de Basse-Bretagne. Le penn-ty désigne par extension un journalier à qui un propriétaire loue, ou bien à qui un fermier sous-loue une petite maison et quelques terres. L'appellation est donc synonyme d'une origine très modeste ».

Billet du 15.09.2013
Billet du 15.09.2013

Au menu un dossier composé de 3 lettres au préfet, d'une pétition (110 signataires) et d'une liste de souscriptions (196 donateurs), et conservé aux Archives Départementales du Finistère, en série O. Nous publions également une lettre écrite à l'évêque, conservée aux Archives de l’Évêché de Quimper, qui mentionne la lettre-pétition au préfet.

La première lettre est écrite en 1840 par le maire René Laurent, à une époque où il croit encore au projet de déplacement du bourg sur les terres de Lestonan. Il en défend le confort des fontaines en vantant leurs eaux très potables et jamais taries. Pour appuyer sa démonstration il annonce précisément les débits à l'heure et à la journée : « seize litres par minute ou 23.040 litres par vingt quatre heures » et « par minute huit livres d'eau très potable ».

La seconde lettre écrite par son adjoint Hervé Lozac'h, tout en critiquant les détails du projet, déplore les violences et les « rixes »  : « si le projet seul dont il s'agit a soulevé tant de haines et de divisions parmi nous, jadis si unis et si paisibles, qu'arrivera-t-il lorsque la majorité des habitants verra porter la main sur tout ce qui est vénéré par elle depuis temps immémoriaux ».

Hervé Lozac'h et ses amis font éditer un tract contre le projet (cf article « 1840 - Un tract d'opposition au déplacement du Bourg Chef-lieu  »), et une pétition (cf texte transcrit ici) qu'il adresse au préfet. Au total 43 personnes signent la pétition et 67 forment une croix face à leur nom.

Du côté des partisans du projet, il y a une collecte de fonds qui est organisée pour supporter les frais du déplacement du bourg, et également 196 personnes signent la souscription (nous n'avons repéré aucun nom qui serait aussi parmi les pétitionnaires) avec le montant de leur paiement : en moyenne 50 francs, avec un record de 2000 francs pour Nicolas Le Marié, le patron des papeteries d'Odet-Lestonan.

Tout oppose les deux populations. Plus qu'un conflit ancestral de voisinage entre le bourg et le quartier de Lestonan, qu'on pourrait qualifier de « guerre des boutons », il s'avère que la scission avait des origines sociales, conformément à ce que nous révèle le texte central de la pétition : « Eh ! bien, Monsieur le Préfet, que l'on interroge consciencieusement un à un, ceux qui sont chefs d'exploitation, ceux qui paient l'impôt, c'est-à-dire les vrais cultivateurs et contribuables qui sont portés pour charrettes et attelages au rôle de prestation en nature, et l'on verra où se trouve loyalement le vœu de la majorité qui certainement ne peut ni ne doit être exprimé sincèrement par les habitants de ces nombreuses cabanes ou pentys (*), qui ne paient aucun impôt, n'ont aucune arrache au sol, ceux à qui l'on fait dire tout ce que l'on veut ».

Le projet social sera finalement abandonné.

En savoir plus : « 1842 - Lettres et pétition pour et contre la translation du Bourg »