Ce dossier, constitué par le recteur lui-même pour être versé aux Archives municipales en 1980, comprend 28 documents, essentiellement des lettres que Jean-Louis Morvan adresse aux autorités diocésaines, leurs réponses et les comptes-rendus de conseils paroissiaux, ce depuis sa nomination comme recteur d'Ergué-Gabéric en octobre 1969, et également deux pièces datées de 1965 et de 1966.
Le document du 8 juin 1965 est le rapport de la validation officielle par le conseil paroissial du projet de construction d'une nouvelle chapelle à Ker-Anna par l'aumônier d'Odet Jean-Marie Breton et le Vicaire Général Jean Abiven : « Il faut sortir le lieu de culte de l'usine. La liaison actuelle de l'église à l'usine constitue une situation fausse. Elle peut avoir des inconvénients matériels pour l'avenir. Elle est une gêne pour le clergé dans l'exercice du ministère et, pour les fidèles ... »
L'accord est conditionné par le coût de l'opération et son financement : « une trentaine de millions d'anciens francs, les 2/3 environ seront couverts par la caisse centrale, par versements échelonnés ; le dernier 1/3 et les intérêts restent à la charge de la paroisse ».
Le deuxième document référence l'acte de cession du terrain qui « appartient à l'Association Diocésaine de Quimper par suite de l'acquisition qu'elle en a faite de la Société "Papeterie Bolloré" aux termes d'un acte reçu par Maître Trochu, notaire soussigné le vingt deux octobre mil neuf cent soixante six ».
Les autres documents nous apportent les informations suivantes :
✔Un projet alternatif avait été suggéré par la famille Bolloré : « Mr Bolloré avait proposé un projet qui aurait pu "retirer" l'ancienne chapelle de l'usine elle-même. Il offrait d'abattre le mur d'enceinte, ce qui aurait permis d'accéder à la chapelle sans entrer dans l'usine. Il aurait fait doubler son volume à ses frais ».
✔Le recteur précédent avait été muté en lien avec le projet de Ker-Anna : « Mr l'abbé Pennarun, qui a fait tant de travaux sur la Paroisse, et les a tous payés, mais n'a jamais été d'accord pour cette construction. C'est pour cela qu'il a demandé son départ »
✔La situation financière après la construction en 1967 et la bénédiction en 1968 n'est pas bonne car les coûts estimés à 300.000 F en 1965 ont explosé : « D'après M. Breton le gros oeuvre a atteint 51 millions d'anciens francs. D'après M. Pennarun, 53, 54, 58 ou plus. » (le nouveau franc émis en 1960 vaut 100 anciens francs).
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| ✔L’Évêché a payé d'emblée les 2/3 du coût initial, et la dette paroissiale de 240.000 F est la situation financière auquel le nouveau recteur doit faire face. D'où sa réaction : « Je n'ai rien d'un financier. Et puis, j'estime que si je me suis fait prêtre, ce n'est pas pour brasser des millions. Or je suis sûr que mon apostolat sera empoisonné par cette dette. ».
✔Début 1970 il envisage même de se retirer : « il ne me reste plus qu'une solution : proposer ma démission à Monseigneur. J'ai demandé conseil : certains m'en dissuadent, d'autres m'y poussent. Pour ma part, sans aucune acrimonie, je crois que c'est la meilleure solution. »
✔Il va quand même mener une bataille épistolaire et harcelé son évêque Francis Barbu, le chanoine Hélou et l'économe diocésain Yves Marzin pour qu'ils endossent une partie de la dette. L'évêque n'est ni conciliant ni disponible : « Ces jours-ci je suis presque constamment en dehors de l’Évêché, et cela va durer encore jusqu'au retour de Lourdes au moins » .
✔Il lance des souscriptions et organise des kermesses. Il obtient du diocèse une participation financière complémentaire, d'abord 50.000 F, et la dispense pendant 10 ans du reversement du casuel et de la quête des chaises.
✔Début 1971, il fait placer la statue d'un Christ du 16e siècle sur le mur du chœur de la chapelle : « Je fais restaurer par M. Coroller le Christ que vous avez vu, et qui ira à Ker-Anna. Il est en très mauvais état » - « À la chapelle de Ker-Anna j'ai fait mettre un Christ du 16e siècle restauré : il est très beau ».
✔Cette même année, le parking de la chapelle est réalisé par les services municipaux, et le recteur demande son accord à Gwennaël Bolloré qui fait répondre par le directeur de l'usine : « Monsieur Bolloré est bien d'accord pour aménager le parking sur l'emplacement prévu initialement pour le presbytère ». Ce terrain avait été cédé gracieusement en même temps que celui de la chapelle.
✔Par contre le projet de la salle de permanence pour le prêtre n'aboutit pas. L'idée était d'utiliser la pièce en entresol près de la crypte, mais elle doit être abandonnée.
✔Six ans après l'arrivée du recteur, en 1975 la dette paroissiale imputable à la chapelle de Ker-Anna est presque épurée : « En 1969 il y avait 246.000 F. L’Évêché nous a donné 80.000 F. ; il ne reste plus que 40.000. »
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