Blog 11.03.2017 - GrandTerrier

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[modifier] Beau-frère chapelier à Quimper

Billet du 11.03.2017 - « Avant le 18e et l'usage du poil fin de castor ou du feutre, les chapeaux étaient si grossiers, que les gens les faisaient couvrir de velours, de taffetas, ou d'étoffe de soie ; on ne les portait nus que par économie, ou pour aller à la pluie », Augris Chrystel (Histoire de la chapellerie)

Deux documents d'archives pour évoquer les activités industrielles d'un fabricant de chapeaux « fins » à Quimper. Le premier est un rapport de 1811 rédigé par le préfet de police à la demande du maire de Quimper pour valider la moralité d'un négociant quimpérois ayant élu domicile à Paris, sans doute dans le but de préparer son projet de création d'une fabrique de chapeaux à Quimper qu'il concrétisera en 1812.

Dans ce document qui fait office d'enquête de moralité, il est rappelé qu'il « s'est toujours très bien comporté. Il est doux, honnête et soumis aux lois et aux autorités. » et la famille Bolloré est « une famille honnête de cette ville ».

Le deuxième document est constitué de sept courriers datés de 1825 entre César Elzéar de Castellane, préfet du Finistère, et Athanase de Larchantel, maire de Quimper, qui ont précisément pour but de valider la demande de Jean-Guillaume Bolloré de transférer sa fabrique sur un nouveau terrain acquis entre la rue des Réguaires et les quais de l'Odet.

Le chapelier Bolloré précise tout d'abord l'historique de son affaire : « Depuis 1812 j'ai établi à Quimper une fabrique de chapeaux. Cette fabrique était d'abord placée dans la rue du Chapeau Rouge, ensuite dans la rue Obscure et elle se trouve actuellement dans la rue du Frout. »

La signature sur sa requête est « Bolloré fils ainé », car en effet il est l'ainé survivant (trois frère et sœurs décédés très jeunes en 1784-86) d'une famille nombreuse de 13 enfants. Son père René, syndic des marins et négociant-propriétaire à Quimper-Locmaria, décède en 1826. Par la suite Jean-Guillaume gardera l'habitude de signer « Bolloré ainé », lorsqu'il paraphe en 1838 le document de succession de son frère René-Corentin et cosigne en 1859 un document officiel avec son beau-frère papetier d'Odet.

Le maire a des arguments pour défendre le projet de 1825 : « Cet établissement mérite, on peut le dire, de fixer la sollicitude de l'autorité, il a pris depuis quelques années un certain accroissement, les chapeaux fins qu'on y fabrique sont estimés et ils peuvent recevoir, chaque jour, un nouveau degré de perfection, on y occuppe un grand nombre d'ouvriers. » On y compte 25 ouvriers pour fabriquer des chapeaux de poils fins et de feutre.

Après avis de l'expert, à savoir l'Ingénieur en chef du département, chargé de la surveillance des rivières et cours d'eau, le préfet publie l'arrêté d'exécution : « Art 1er. Le sieur Bolloré, fabricant de chapeaux à Quimper, est autorisé à établir sa fabrique dans sa propriété de la rue des Réguaires. »

 
(film de Chaude Chabrol, tourné à Concarneau et à Quimper en 1982)

Le siècle suivant, dans une publication intitulée « Papeteries d'Odet, discours des Fêtes du Centenaire (1822-1922) », une note au-dessous du facsimilé de la plaque commémorant la création de l'usine d'Odet par son beau-frère Nicolas Le Marié précise que « François Le Marié père et Guillaume Bolloré ont aussi contribué, par leurs conseils, à la création de cet établissement ». Il est question de conseil et non de co-participation de Guillaume Bolloré, car on voit bien qu'en 1825 il était encore très impliqué dans l'extension de sa fabrique de chapeaux.

On est loin du détournement documentaire de 1930 dans le « Livre d'or des papeteries » de René Bolloré qui introduit volontairement un pluriel « ont posé » (au lieu de "a posé") dans la première phrase de la plaque commémorative : « Nicolas Le Marié et R.-G. Bolloré, de Quimper ont posé la première pierre de cet établissement ».

Jean-Guillaume Bolloré n'a pas posé de première pierre à Odet (ni son hologramme « R.-G. » aux initiales inventées), mais il a prodigué des conseils à son beau-frère gabéricois et favorisera le transfert en 1861 de l'usine à papier à son neveu, tutoré et gendre Jean-René Bolloré lorsque Nicolas Le Marié sera en incapacité suite à un accident.

En savoir plus : « 1811 - Autorisation de résidence parisienne pour Jean-Guillaume Bolloré », « 1825 - Transfert de la fabrique de chapeaux de Jean-Guillaume Bolloré », « Jean-Guillaume Bolloré (1788-1873), fabricant chapelier »