Blog 10.12.2016 - GrandTerrier

Blog 10.12.2016

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[modifier] La grande place de Guy Autret

Billet du 10.12.2016 - À la lecture d'un précédent billet, la municipalité se demande si une place de la commune d'Ergué-Gabéric ne serait pas préférable à une avenue pour honorer ce personnage du 17e siècle. Le maire tient à préciser que ce ne sera "ni une petite place ni un parking". Les propositions des gabéricois seront examinées en conseil municipal extraordinaire 5 semaines avant l'inauguration officielle le 01.04.2017.

Cette semaine nous versons au dossier dix sept lettres transcrites et publiées en 1940 par Daniel Bernard dans le Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, ainsi que quatre lettres inédites trouvées par le même auteur et dont les originaux de la main de Guy Autret (cf ci-contre) sont conservés aux Archives Départementales du Finistère.

Parmi les 17 premières lettres publiées, il nous semble intéressant de commenter la quatrième datée de 1641 dans laquelle Guy Autret fait part à sa nièce de l'envoi d'une robe et jupe, d'une coiffe et d'un parement de dentelle. L'original de la lettre est introuvable à ce jour, sans doute toujours conservé dans des archives familiales auxquelles Daniel Bernard a eu accès.

Cette lettre envoyée le 10 décembre de Rennes, où Guy Autret est en déplacement pour ses divers procès, à Quimper à l'attention de l'une de ses nièces par alliance, Guillemettte Beaujouan, épouse Kerescant, commence par :

 
« je vous envois la robe et la jupe (bien faite à la hâte) de ma niepce du plessix ». La robe est donc pour la sœur de Guillement, à savoir Yvorée, dame de Plessis, pour qu'elle puisse la porter le 13.12 à la grande foire de St-Corentin à Quimper.

Jacques du Haffond de Kerescant, mari de Guillemette et procureur du roi à Quimper, est aussi un lointain cousin de Guy Autret, et ils sont régulièrement en correspondance pour des affaires de succession. Kerescant est une terre noble de l'ancienne paroisse Plonivel, aujourd'hui Plobannallec-Lesconil, non loin de la propriété bigoudène de Guy Autret (Kergoz).

Guy Autret fait également parvenir une coiffe à sa nièce Guillemette, qu'il appelle mademoiselle car il s'en était occupé avant son mariage, lors du décès de l'ancien procureur de Quimper Jean Beaujouan. Cette coiffe n'est bien sûr pas la coiffe bigoudène qu'on connaît aujourd'hui, car elle n’est devenue haute qu’au XXe siècle dans l'entre deux guerres.

Et le courrier mentionne aussi l'envoi d"une « cravate ou collet à la mode tost près, petit collet, bandeau et bouts de manches de batiste et à languetes ». Ces accessoires de mode devaient être très appréciés par la jeune noblesse quimpéroise et bigoudène. On note comme parement ces pièces en « batiste  », c'est-à-dire en toile de lin très fine en provenance du Cambrésis ou pays de Cambrai.

  Un autre détail de la lettre fait référence à un évènement historique national : « L'on dit que la dentel s'en va deffandu et de mesme que la dantel d'argent ». Pendant le règne de Louis XIII, l'usage de la dentelle était synonyme de frivolité mondaine, et l'église catholique qui voulait conserver les ornements pour ses autels et habits ecclésiastiques demanda qu'elle soit interdite par ailleurs. En 1629 un édit de proscription de la dentelle fut publié, mais les fans de mode bravèrent l'interdit.

Et Guy Autret, en 1641, s'en moque même : « on a mins pour tant une petite à la plessix, quitte pour l'hoster quand l'édit sera venu ». Quant au type de la dentelle mise sur la robe de la dame du Plessis, il est vraisemblable qu'elle fut classiquement de fils de soie, et non d'argent. Et peut-être, avons nous là une dentelle "précurseuse" de la dentelle dite « bigoudène » !

Le prix de tous ces accessoires et travaux d'assemblage de la couturière est également mentionné pour « quinze livres dix huit sols », ce qui ferait à raison d'une livre de 1641 pour 16,1 euros un prix total actuel de 256 euros. Guy Autret évoque aussi que, hors les frais de transport, il dut payer un « teston », soit 10 sols ou une demi-livre, pour que le porteur attende les quelques heures nécessaires pour finir la robe.

En savoir plus : « Lettre du 10 décembre 1641 de Guy Autret à Mademoiselle de Kerescant (Bernard, IV) », « 1642 - Quatre nouvelles lettres inédites de Guy Autret, transcriptions Daniel Bernard », « 1640-1648 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Daniel Bernard »