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Blog 09.09.2017

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[modifier] Chant du Credo royal à Kerdévot

Billet du 09.09.2017 - Les 9 et 10 septembre 2017 : « Marche priant le samedi à 18h suivie d'une procession aux lumières. Le dimanche, messe à 9h et 10h30, vêpres et procession à 15h, fest deiz ». La fin du pardon en 1911 : « Et tous s'éloignent comme à regret, en se disant : Nous reviendrons. »

Il y a 106 ans, les journaux locaux font un large écho du pardon et livrent de nombreux détails sur son déroulement. « Le Courrier du Finistère », « Le Progrès du Finistère » publient le long courrier d'un pèlerin quimpérois, « Je reviens de Kerdévot, pardon célèbre entre tous ceux de Cornouailles. ».

Les textes publiés sont rigoureusement identiques à deux petite nuances près : le commentaire appuyé sur la présence du maire et la phrase de conclusion « Nous reviendrons ». Dans la Semaine Religieuse, le courrier est encore plus long et empreint de considérations ecclésiales. Quant au journal républicain « Le Finistère », le pardon n'y est même pas mentionné, seule la foire aux bestiaux du lundi, créée en 1881, y est annoncée.

Le début du courrier adressé aux journaux est un beau descriptif des longues caravanes qui, depuis le petit jour, se dirigent vers la chapelle : «  Pèlerins isolés qui s'en vont pieds nus, le chapelet à la main ; familles au complet dans une voiture trop étroite que traîne la bonne bête de la ferme. Ici des groupes d'ouvriers ... Le père pousse allègrement la petite voiture où repose, à moitié endormi, le plus jeune enfant. Aux relais, parfois le bébé passe sur les bras du papa ... On entend bientôt la plainte grossissante des mendiants qui implorent la piété des pèlerins. »

Une fois arrivé sur les lieux on chante beaucoup, notamment les cantiques en breton : « Tous redisent avec entrain les couplets du naïf cantique à N.-D. de Kerdévot ». Il s'agit là du cantique composé en 1881 par le quimpérois Jean Salaün sur l'air du « Laudate Mariam » et dont le refrain est dédié à la Sainte Vierge : « Mam Doue, ô Guerc'hez, Bezit hor c'harantez ».

Mais le point d'orgue est le « credo royal » chanté en latin : « Tout ce peuple enlevait avec enthousiasme le chant magnifique du Credo royal ». En 1911 le concile de Vatican II n'a pas encore francisé le culte catholique, et la messe en latin dite royale, composée en 1669 par Henry Dumont pour être dite dans la chapelle royale de Louis XIV, est restée très populaire en France en ce début de 20e siècle.

Après la grand'messe, la fête, « le jeu populaire et profane », occupe le placitre ombragé : « À un moment donné, du point où je me trouve placé, la chapelle disparaît, cachée dans un feuillage épais. La flèche semble s'élancer du tronc même du vieux chêne, rare débris du grand bois qui ornait autrefois le placitre ». Ce vieux chêne a fait le bonheur de peintres et dessinateurs de la 2e moitié du 20e siècle comme Per Corre ou Charles Homualk. En 1911 également la présence d'un peintre observateur de la procession et de la fête est signalée.

Le privilège de faire la procession en portant « les croix, les bannières et les statues » est donné « aux paroissiens et paroissiennes du Grand-Ergué. Tous s'honorent de cette distinction. » Et chose étonnante le maire Louis Le Roux et ses deux adjoints sont également dans le cortège « ceints tous trois de leur écharpe tricolore ». Et le journal « Le Courrier » retient ce commentaire : « Leur présence est un exemple pour tous et la preuve de la bonne entente du clergé et des magistrats municipaux ».

 

En venant le dimanche le pèlerin peut espérer recueillir une indulgence plénière pour les « âmes du purgatoire », c'est-à-dire pour ses proches défunts qui étaient encore au Purgatoire pour expier leurs fautes. Les conditions pour bénéficier de l'indulgence sont dites « ordinaires », c'est-à-dire l'obligation formelle de se confesser, de communier et de faire une prière canonique. En 1911 cette facilité est également accordée le jour de la foire aux bestiaux, c'est-à-dire le lundi. Ce jour-là « on confessera, à Kerdévot, jusqu'à la dernière messe qui se dira vers 8 heures.  ».

Très occupés à dire les messes et entendre les confessions, « les prêtres de la paroisse, aidés pourtant de nombreux confrères du voisinage, suffisent à peine à entendre tous ceux qui se présentent ». Le recteur Louis Lein n'est pas cité comme intervenant notable, hormis ces mots « Après le prône de M. le Recteur ».

Par contre les autres orateurs ecclésiastiques qui montent en chaire sont à l'honneur : le chanoine Bargilliat, l'abbé Picard, vicaire de Landudal, l'abbé Brénéol, maitre d'études à Saint-Vincent, le chanoine Orvoën, curé de la cathédrale St-Corentin de Quimper. Ce dernier fait une prédication remarquée sur le cœur pur de la Vierge Marie et « invite ses auditeurs à contempler les éloquentes sculptures du rétable de l'autel ; ... Tous suivent, émus, les leçons que l'orateur dégage de ces vieux panneaux de chêne ». Les tableaux du rétable anversois du 16e siècle servent de « Taolennoù » ou tableaux de mission.

En savoir plus : « Les caravanes de pèlerins au pardon de Kerdévot, Courrier/Progrès du Finistère et SR 1911 »