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[modifier] Le Cri du Peuple contre le Seigneur Bolloré

Billet du 08.12.2018 - « Quand on a ouvert l'école privée en 1927-28, il y a des gens, qui travaillaient encore à l'usine, qui avaient leurs gosses à l'école publique, et qui ne voulaient pas les mettre à l'école privée. », Henriette Briand-Francès, entretiens en 2015.

Au sommaire cette semaine, trois articles dans la presse finistérienne du courant socialiste S.F.I.O. et deux billets dans le bulletin du Comité de Défense Laïque, le tout pour dénoncer des actions de l'entrepreneur René Bolloré qui réussit à faire annuler l'agrandissement de l'école laïque des filles et qui voudrait faire fermer l'école des garçons au hameau de Lestonan.

Le premier article du journal « Le Cri du Peuple », l'organe du parti socialiste ou S.F.I.O. (Section française de l'Internationale Ouvrière) du Finistère, mentionne tout d'abord une lettre du ministre de l'Instruction publique Edouard Herriot à Maurice Bouilloux-Lafont, député finistérien de la Gauche Radicale. Dans cette lettre, publiée in-extenso dans la Dépêche de Brest, le futur président du Conseil l'informe des accords de subventions des travaux dans 11 écoles du département, dont le projet d'agrandissement de l'école des filles du hameau de Lestonan.

Mais, en ce mois de novembre 1927, le journal socialiste finistérien ne croit guère à cette bonne nouvelle, car jusqu'à présent, dans le Finisère, seulement quatre projets annuels de constructions ou d'extensions d'écoles sont honorés. Le journal donne aussi les montants associés et l'ordre de priorité des 11 projets, celui d'Ergué-Gabéric étant classé 8e sur 11 : « ERGUÉ-GABERIC. - Agrandissement du groupe scolaire de Lestonan : 245.000 fr. ».

Le journal a raison d'être pessimiste car le projet d'agrandissement ne se fera pas. La raison est essentiellement locale : les effectifs de l'école laïque chutent dès la rentrée de 1927, car le papetier René Bolloré ouvre une garderie d'une part, et fait conduire par car les enfants de Lestonan jusqu'à l'école privée du Bourg d'autre part, et en 1928 la situation ne s'améliore pas car il ouvre une école privée de filles dans le même hameau.

 

En novembre 1928, après l'inauguration de cette école Sainte-Marie, le Comité de Défense laïque du finistère, en charge depuis 1922 de promouvoir l'école publique dans tout le département, ne peut que constater la désertion dans son bulletin trimestriel : « La pression fut telle qu'à la rentrée d'octobre, les 4/5 des élèves désertèrent l'école laïque pour l'école chrétienne. »

À la fin de l'année scolaire, en juin 1929, le journal « Le Cri du Peuple » donne la parole par deux fois au Comité de Défense laïque dans ses colonnes pour une nouvelle inquiétude, à savoir la suppression de l'école des garçons du hameau : « L'école de garçons de Lestonan sera transformée en asile pour les vieillards ... M. Bolloré construira, à ses frais, une école neuve à plus de 3 km de Lestonan ! »

Le ton du billet est un tant soit peu agressif et vindicatif : « Lestonan, où sévit le multimillionnaire Bolloré, seigneur des Papeteries de l'Odet, et de leurs ouvriers et ouvrières, et, au surplus, clérical de première cuvée ... Le seigneur Bolloré, multi-millionnaire par la grâce de Dieu et de ses ouvriers, veut débarrasser Lestonan de la "pourriture laïque" ... L'école laïque de Lestonan restera debout, malgré ses ennemis, malgré les traîtres, malgré les invertébrés qui devraient la défendre. ».

Le comité et le journal socialiste font allusion à des traîtres dans les rangs des républicains qui auraient du défendre les écoles laïques. Il s'agit en fait principalement du tout nouveau préfet préfet Charles Vatrin (1873-1938) qui est venu se faire une idée sur place : « La Préfecture a déjà enquêté, mais ces messieurs étaient pilotés par un chauffeur de M. Bolloré ! Serait-ce la bonne Union nationale de ceux qui ne veulent pas d'histoires ? »

En savoir plus : « Invectives du comité de Défense Laïque contre René Bolloré, Le Cri du Peuple 1927-1929 »