Blog 06.12.2014 - GrandTerrier

Blog 06.12.2014

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[modifier] Contre le travail du dimanche

« Si vous voulez achever de déchristianiser vos usines, vous n'avez qu'à y installer le travail du dimanche ; dans quelques mois vous m'en direz des nouvelles. Libre à vous d'assumer une telle responsabilité. Quant à moi, je ne veux y prendre aucune part », abbé Le Goff, novembre 1937.

Vous avez certainement noté que, sur le GrandTerrier, les nouveaux articles sur les mémoires papetières se faisaient plus rares, ce pour raison de préparation d'un ouvrage documentaire sur le village de la papeterie de N. Le Marié et de R. Bolloré. Certes des pièces inédites seront incluses dans le livre, mais de temps en temps on vous présentera ici quelques pépites, la présente étant un dossier conservé aux Archives Diocésaines de Quimper et incluant des échanges vifs au sujet des dimanches travaillés.

Dans la première lettre à Marie Amélie Thubé, veuve Bolloré, l'abbé Yves Le Goff, aumônier de l'usine à papier d'Odet, ne mâche pas ses mots : « Je ne puis croire que vous ayez approuvé sciemment cette décision, vous dont les convictions religieuses sont si profondes » ; « Je puis affirmer que votre défunt mari ne l'aurait pas toléré, lui qui chassait à coups de pied les ouvriers qui travaillaient le dimanche » ...

Son argumentation est simple : « Il n'est question que de la fabrication de quelques dizaines de bobines supplémentaires. Le salut éternel de plusieurs centaines de familles chrétiennes vaut, vous l'avouerez, infiniment davantage. » Et il met même sa démission dans la balance : « Le jour où vous aurez supprimé le dimanche à Odet, je n'aurai plus rien à y faire ».

Le fils ainé Bolloré est carrément accusé par l'aumônier d'Odet d'avoir empêché l'arrivée d'un syndicat chrétien (la C.F.T.C.) dans l'entreprise : « La C.G.T. qui a été prônée et imposée par votre fils, René Guillaume Bolloré, à l'exclusion de tout autre syndicat, a déjà commencé à produire ses funestes effets. » Manifestement la C.G.T. s'est prononcée pour l'introduction du dimanche travaillé moyennant des indemnités pour les ouvriers.

Après la prise de position musclée de l'abbé Le Goff, la Direction des Papeteries demanda officiellement à l'évêque de travailler un dimanche sur deux. Le corps ecclésiastique dut capituler : « il n'a pas à juger de la solution donnée au sujet du travail du dimanche, et la chose étant décidée ... ». Et on adapta le rythme des messes dominicales à la chapelle de l'usine d'Odet : 8H et 10H les dimanches non travaillés, 8H et 12H les dimanches travaillés. La messe de 8H est importante car elle permet « à l'équipe venant prendre le travail le dimanche matin, d'y assister avant d'entrer à l'usine ».

Après 13 années de service dans la paroisse, notamment auprès des jeunes et du bulletin paroissial « Kannadig Intron Varia Kerzevot », l'abbé Le Goff quittera Ergué-Gabéric et son poste d’aumônier papetier en 1939, soit environ un an après son acte d'opposition aux dimanches travaillés.

Dans les textes de défense du projet du travail le dimanche par la Direction de la Société des Papeteries, on note aussi quelques informations intéressantes sur le développement du groupe Bolloré, notamment aux Etats-Unis à Ecusta et à Troyes en Champagne.

En savoir plus : « 1937 - L'abbé Le Goff contre le travail le dimanche aux usines d'Odet et de Cascadec » Billet du 06.12.2014

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