Blog 06.10.2012 - GrandTerrier

Blog 06.10.2012

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[modifier] Un peintre interdit à Kerdévot

« Au moment où la guerre générale semblait inévitable, et qu'on rappelait sous les drapeaux les jeunes soldats des classes libérées », Le Quimpérois

Eugène Boudin, Kerdévot, 1855-57 - : - : - : - Billet du 06.10.2012
Eugène Boudin, Kerdévot, 1855-57 - : - : - : - Billet du 06.10.2012

Dans un entrefilet, publié en 1842 dans le nouveau journal « Le Quimpérois », on peut lire l'évocation d'un fait-divers qui s'est produit lors du pardon de Kerdévot, deux ans auparavant : un peintre faisant des croquis de costumes bretons fut obligé de quitter les lieux car l'assistance pensait « qu'il travaillait par ordre du gouvernement, et dans l'intérêt de la conscription ».

Pourquoi les paroissiens de septembre 1840 étaient-ils si méfiants via-à-vis des conscriptions nationales ? Adolphe Thiers, président du conseil de la monarchie de Juillet depuis mars 1840, avait mené une politique étrangère en Egypte contre les autres puissances européennes (Royaume-Uni, Autriche, Prusse et Russie). Devant la menace de ces derniers, il dut décréter fin juillet la mobilisation des soldats des classes 1836 à 1839.

En 1840 la population était très réticente à envoyer ses enfants sur le front. De plus la conscription était organisée au tirage au sort car seuls 30 à 35 % des conscrits célibataires ou veufs sans enfant effectuaient leur service militaire. Une mobilisation n'était pas la bienvenue, et en région les esprits étaient bien échauffés : « Les bretons, si patients ordinairement et d'un caractère si inoffensif, n'entendent aucune espèce de raillerie en matière de conscription, dit l'article.

Quant au peintre chassé de Kerdévot, on ne connait ni son nom, ni son œuvre. Par contre en 1855-57 le célèbre peintre Eugène Boudin viendra à Kerdévot pour y faire des croquis des « pardonneurs ». Un journaliste aurait pu écrire aussi à son propos : « Un artiste dessinait au pardon de Kerdévot les costumes bretons si nombreux et si variés dans cette assemblée considérable ».

Image:Right.gif Lire le reportage « Un peintre "persona non grata" à Kerdévot, Le Quimpérois 1842 », et la fiche iconographique « DELOUCHE Denise - Eugène Boudin au pardon de Kerdevot en 1855-57 ».

En ce qui concerne les valeurs pacifistes des « pardonneurs » insoumis de Kerdévot, le ton va changer du tout au tout en 1870-71. Des pardons et pèlerinages seront organisés en l'honneur des soldats partis ou revenus du front, et on y apposera même une plaque de marbre blanc, libellée ainsi en langue bretonne : « Merk a Anaoudegez vad da I.-V KERDEVOT Evit ar skoazel E deus teurvezet rei D'hor Soudardet, Mobilet, Ha Mobilizet. 1871. » (Marque de reconnaissance éternelle à N.-D de KERDEVOT pour l'assistance Qu'elle a daigné donner A nos soldats, engagés, Et mobilisés, 1871).

Image:Right.gif Découvrir les coupures et transcriptions en breton « Kemperiz e Kerzevot, Quimpérois à Kerdévot, Feiz ha breiz 1870‎ », « Pardonerien e Kerdevot, Pardon à Kerdévot, Feiz ha breiz 1871 », et en français « Pèlerinage à Notre-Dame de Kerdévot, l'Impartial du Finistère 1871 ».