Blog 05.06.2016 - GrandTerrier

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[modifier] Foy hommage et patibulaires

Billet du 05.06.2016 - « Aveu, s.m. : déclaration écrite fournie par le vassal à son suzerain lorsqu’il entre en possession d’un fief  » ; « Fourches patibulaires, s.f.pl : colonnes de pierre dotées d'une traverse de bois où les condamnés à mort sont pendus et exposés à la vue des passants »

Norbert Bernard aimait bien ce registre « A 85 » conservé aux Archives Départementales du Finistère, intitulé « Extraict des adveux de l'inventaire de Quimper-Corentin. Actes des XVe et XVIe siècles, transcrits au XVIIIe (Quelques copies intégrales anciennes). Table sommaire pour chaque paroisse ». Pour la paroisse d'Ergué-Gabéric, cela fait 78 folios détaillés pour deux siècles d'histoire, de 1454 à 1646, avec un tas d'anecdotes encore inédites sur la vie quotidienne dans chaque « lieu noble » de nos campagnes.

En 1997, en annexe de son mémoire « Chemins et structuration de l'espace en Cornouaille du Ve siècle à la fin du XVIIe siècle. Exemples autour de la commune d'Ergué-Gabéric », Norbert proposa un index des aveux d'Ergué-Gabéric. Pour compléter ce travail, nous avons publié les clichés originaux d'un tiers des actes, complété l'index gabéricois et publié les six actes de 1540 à 1646 consacrés à Lesergué.

Les trois premiers actes de 1540 à 1618 peuvent se résumer par les formules : « prochement noblemement » ; « foy et hommage et rachapt est deub au roy au jour de la chandeleur. Droits de la Terre : colombier, moulin ». Le domaine de Lesergué détenu par les Coatanezre, puis par les Autret, est centré sur son manoir et dépendances, sa rabine, ses bois, son colombier et son moulin.

Les «  collombier et fuye à pigeons », bâtis non loin du manoir, constituent un droit réservé aux nobles, interdits aux roturiers et au clergé, qui apportait un revenu non négligeable à son propriétaire qui bénéficie ainsi de la chair tendre, de la fumure de fiente et des œufs produits par ses pigeons.

Le domaine de Lesergué relève de la juridiction du roi, contrairement à certaines autres propriétés gabéricoises dépendant de l'Evêché de Quimper. Ce qui veut que le seigneur propriétaire doit « foy et hommage » et paiement de rente à la Chandeleur à son seigneur supérieur royal. Et à chaque décès d'un sieur ou dame Coatanezre ou Autret, la succession devait être déclarée avec paiement du « droit de rachapt ».

Mais le domaine de Lesergué ne se limite pas à son manoir et de ses dépendances proches. Les aveux donnent la liste de tous les autres manoirs et villages qui ont été acquis et rattachés au domaine principal. Et pour la plupart de ces villages ou « convenants  » les détenteurs doivent payer annuellement une « chef-rente » de quelques deniers au seigneur de Lezergué. Et bien sûr si un couvenancier ou domanier vient à mourir, son héritier doit généralement payer un droit de « rachapt ». Parmi les manoirs secondaires rattachés à Lesergué on en dénote de nombreux sur le territoire de la commune dont un mystérieux, disparu aujourd'hui, celui de Kerstrat situé près de Sulvintin.

 

Quant aux villages dispersés, ils sont aussi nombreux et leurs terres chaudes (cultivées) et froides (pauvres) sont mesurées en journaux. Un certain nombre de communs de villages, terres vaines et vagues, sont derrière le terme de « frostages ».

Les prééminences ecclésiales de Lesergué, c'est-à-dire les tombes au sol, les bancs d'églises, les « tombe prohibitive » (à usage exclusif) et « élevée » (c'est-à-dire surélevée et creusée dans un mur d'église), et les « droits à enfeu » de Lesergué sont mentionnés dans les derniers actes présentés par Guy Autret et concernent quatre églises et chapelles, dont deux à Quimper et deux à Ergué-Gabéric. L'enfeu « prohibitif au coeur de l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric » est bien mis en valeur : « tombe prohibitive au coeur de l'église dudit Ergue Gaberic du costé de l'évangile, armoirie des armes de sa dite seigneurie ».

Les aveux de 1634 et de 1646 présentés par Guy Autret revendiquent également des « droits de haute, basse et moyenne justice ». Et pour ce faire il est question de fourches patibulaires que le seigneur de Lesergué pouvait dresser sur les hauteurs de Lestonan, lieu proche du manoir et y exposer les condamnés à pendaison.

En savoir plus : « 1454-1646 - Tous les adveus d'Ergue-Caberyc dans l'inventaire ADF-A85 de Kempercorantin » et « 1540-1646 - Adveus de Lesergué extraicts de l'inventaire de Kempercorantin »