Blog 04.02.2023 - GrandTerrier

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[modifier] Hommes d'armes et brigandines en 1481

04.02.2023 - Cette semaine on publie le manuscrit complet du compte-rendu de la Montre générale de Carhaix en 1481, version conservée aux Archives départementales du Finistère, et on fait le point sur les différentes transcriptions, identifications et revenus des participants nobles d'Ergué-Gabéric.

Norbert Bernard définit ainsi les montres : « revues militaires de la noblesse médiévale et moderne. Les montres ont en effet des fins militaires : elles rassemblent les nobles, regroupés par paroisse et en armes afin d’établir et de corriger la capacité militaire de la noblesse locale ». Hervé Torchet quant à lui donne cette définition : « revue générale de tous les teneurs de fiefs assujettis au service militaire ».

Celle de 1481 est organisée par le duc de Bretagne François II dans chaque siège épiscopal, et pour l’évêché de Cornouailles des 4 et 5 septembre la revue a lieu à Carhaix où 743 participants nobles, pages et commissaires « se montrent » avec leurs équipements et insignes respectifs.

Le compte-rendu nominatif de la montre de Carhaix est découpé en deux parties : la première listant les plus importants, à savoir les 46 hommes d'armes, et la deuxième les autres représentants nobles présents pour chaque paroisse. Les premiers sont en armure et ont autant de chevaux et de soldats que l'exige leur niveau de revenu, mais par contre la localisation de leur fief n'est pas mentionnée.

Le document existent sous forme de deux copies manuscrites : la première, conservée dans le fonds Boisgellin de la Bibliothèque de St-Brieuc, a été étudiée par l'historien Hervé Torchet en 2011 dans un livre intitulé « Montre générale de 1481 ».

Le manuscrit Boisgélin a été aussi analysé par le chevalier de Fréminville en 1835, mais ce dernier a transcrit principalement la copie des Archives départementales du Finistère, un manuscrit commandé par le sénéchal Le Goazre de Kervélégen à la toute fin de l'Ancien Régime dont la transcription a été enrichie et corrigée en 2002 par Norbert Bernard.

Voici le facsimile gabéricois de la copie Le Goazre aux Archives départementales du Finistère (ADF 1J65), la version intégrale étant publiée dans l'article en ligne :

 

Dans son livre dédié à la Montre de Cornouailles, Hervé Torchet propose une carte avec la localisation des blasons des gens d'armes dans chaque paroisse. Pour Ergué-Gabéric, il s'agit des armes « d'or à trois croissants de gueules » des Liziart de par la présence de « Christophle de Lisiard pour son père, homme d'armes, a deux chevaux pour sa selle et o lui, Yvon Penfrat, coustilleur, Henry Berhain, archer en brigandine ».

Certes les Liziart de Kergonan sont bien également présents parmi les nobles convoqués d'Ergué-Gabéric : « Françoys Liziard mineur par Louys le Borgne archer en brigandine ». François est fils de Louis, tous deux seigneurs de Kergonan, mais Christophe était-il frère de François ? Norbert Bernard suggère qu'il serait plutôt du fief de Trohanet, en Langolen (autrefois rattaché à Briec) : « à ces seigneurs de Briec il faut probablement ajouter : Christophe Liziart, homme d’armes, et son père, seigneur de Trohanet » .

Les autres nobles gabéricois : « Jehan Provost de Penanrun et son fils archer en brigandine, Caznevet Kerfors par Hervé le Normant en brigandine et voulge, Yvon Kersulgar de Mezanlez en brigandine et pertuisane, Henry Kersulgar de Kernaou par Jehan Provost le jeune en brigandine et voulge »

Dans son étude Hervé Torchet se base sur un texte de Dom Morice pour déterminer les revenus comparés de tous les participants en fonction de leurs équipements. Pour les nobles individuels ci-dessus : « en deçà de 60 livres : arc avec carquois, ou bien sorte de hallebarde (jusarme, pertuisane ou vouge) ou de lance (jaseline ou demi-lance) et protection du haut du corps (brigandine ou paletoc), ainsi qu'un cheval même mauvais. »

Par contre l'homme d'armes Christophe Lisiart rentrerait dans la catégorie des revenus supérieurs : « Jusqu'à 300 livres : ils s'accompagnent de deux bons chevaux, plus un page monté sur un cheval d'archer. De 300 à 400 livres : la même chose, plus deux archers en brigandine et coiffés de salades. ». Cela dépend donc s'il est accompagné de deux pages (un archer et un coustilleur) selon la source Boisgélin ou d'un seul archer selon le manuscrit Le Goazre.

En savoir plus : « 1481 - Monstre générale des gens d'armes de l'Evesché de Cornouaille », « TORCHET Hervé - Montre générale des nobles de 1481 en Cornouaille »