Augustine Amélia, née Maguer, à propos de sorcellerie - GrandTerrier

Augustine Amélia, née Maguer, à propos de sorcellerie

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Initiateur de l'article : Jean Guéguen et Jean Cognard, Date de création : 1978

Augustine revenait souvent dans sa maison natale retirée de Vruguic, entre Quélennec et Stang-Venn. On lui a rendu visite en 1978 et elle nous a raconté les histoires de sorcellerie qui se passaient à 200 mètres de chez elle, à un carrefour dénommé Kroas-ar-Gac.



Kroas-ar-Gac, c'est parce qu'on y faisait des gages, c'est-à-dire que les domestiques et les filles se gageaient pendant une année pour aller travailler dans les fermes de la région. Kroas-ar-Gac était la croix des gages, car pour faire des gages il fallait un croisement avec quatre routes et au moins trois champs avec seulement trois coins (tri-korn).

Autrefois la grand'route de Pennaneac'h à Kelennec n'était pas ouverte et le chemin n'était pas plus large que ceux de Stang-Odet et de Vrugic. Les deux champs de chaque côté de la route faisaient deux triangles, et celui de René Beulz où est maintenant la statue de la Vierge avait aussi trois coins.

On raconte aussi qu'il y avait de la sorcellerie à Kroas-ar-Gac. Un jour quelqu'un a dit qu'il fallait y aller pour mettre à prix une poule noire, une poule sans plume blanche ni autre couleur. Tous les soirs de la semaine, ils ont mis une poule noire sur la table pour examiner les plumes une par une. C'est un sorcier qui devait tenir la poule, et s'il trouvait une plume qui n'était pas noire il avait le pouvoir de brûler ceux qui l'avait apportée.

Si par contre la poule était vraiment noire, le diable ou le sorcier donnait une pièce magique de vingt sous. Il ne fallait surtout pas que les hommes touchent à l'argent avec les doigts. Ils devaient tendre une pelle à tourner les crèpes et la pièce aurait été déposée dessus. Ils devaient laisser glisser délicatement la pièce dans leur poche, et par la suite, même si on la dépensait plusieurs fois dans la journée, on aurait toujours une pièce de vingt sous dans la poche.

Les deux hommes qui avaient préparé la poule sont donc venus à Kroas-ar-Gac, un soir vers minuit. Ils se sont assis sur le talus en face de la statue. Et ils ont mis la poule aux enchères en disant comme on fait chez les notaires :

Ar yer zu e priz
Arc'hant volant deoc'h diouzh tu
Pevar real
Eur wech, diou wech, teir gwech.

La poule noire à prix
Argent qui vole à payer tout de suite
Ving sous
Une fois, deux fois, trois fois.

Soit disant que celui qui devait prendre la poule noire est vraiment venu. Les plumes de la poule furent même toutes brûlées. Mais les deux hommes ont eu peur. Après leur incantation, un bruit énorme a répondu et ils se sont couchés sur le talus, effrayés. Il paraît que ça rugissait comme s'il y avait un lion ou un tigre dans les prairies en face.

Augustine de Vrugic


UNE AUTRE LEGENDE


Au début du siècle, habitait au Kelennec un célibataire endurci, Yvon Pennaneac'h, qui racontait avoir vécu une aventure extraordinaire au lieu-dit Kroas-ar-Gac. Un soir, en rentrant de son travail à la papeterie Bolloré d'Odet, il était presque arrivé à son domicile, lorsqu'il vit au carrefour sus-nommé un château majestueux éclairé de toutes ses lumières.

Intrigué, il entra dans ce palais mystérieux où des salles immenses et vides et de longs couloirs s'étendaient à perte de vue. Et ce n'est qu'après avoir erré des heures durant dans ce gigantesque labyrinthe qu'il put enfin retrouvé la sortie.

La morale ne serait néanmoins pas sauve si on omettait de dire que ce fameux soir Kroas-ar-Gac ne fut certainement pas la seule halte d'Yvon Pennaneac'h et qu'il eut un mal terrible à se réveiller le lendemain matin.


On parle également des lutins de Kroas-ar-Gac. Il est sûr que le carrefour, lieu de sorcellerie, était soigneusement évité et qu'il fallait un courage certain pour s'y aventurer seul la nuit. On préférait, pour se rendre de Pennaneac'h à Kelennec, prendre des raccourcis à travers les champs.

En hiver la route n'était pas carrossable, des trous d'eau barraient la largeur du chemin. Il suffisait sans doute d'un peu de vent et d'une pleine lune qui se reflète dans les flaques, pour qu'on y voit les lutins de Kroas-ar-Gac danser sur la chaussée.

Allez savoir !