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Sommaire

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1 Gwerzhañ al laez ha charreat teil gwechall

Billet du 09.02.2019 - « René Danion, deus an Erge-Vraz, a gont deomp penaos 'oa ar vuhez ba' feurm e zud en amzer e vugaleaj », René Danion d’Ergué-Gabéric, nous raconte comment était la vie à la ferme familiale du temps de son enfance, interview de Lors Jouin en 2017 pour BeCeDia Sevenadurioù.

René Danion, né en 1932, est un agriculteur, installé à 18 ans à Kerhamus en Ergué-Gabéric après son école d'agriculture au Nivot en 1950, à la suite de ses grands-parents et parents, « faisant du lait » comme eux et livrant directement lui-même ses clients quimpérois.

Il a été interviewé récemment, pour parler des livraisons de lait et de l'entraide pour le fumier (cf transcription et traduction complètes de l'interview en fin de l'article qui lui est consacré), a été publiée sur le site bcd.bzh/becedia, sur la chaine video « Komzoù brezhoneg » de Lors Jouin qui a pour vocation de recueillir auprès de bretonnants natifs les parlers et les accents qui font la diversité de la langue bretonne.

Faire du lait, et non du beurre, telle était la vocation des trois générations de Danion à Kerhamus. La ferme étant située en bordure ouest de la commune, à proximité de la ville de Quimper, René Danion évoque les livraisons de son lait aux clients de Quimper (pâtissiers, restaurants, épiceries ...), non pas par camion citerne, mais dans des pots en alumimium de 20 à 30 litres qu'il fallait porter : « podoù ugent litrad ... lod a oa pounneroc'h ivez ...bez e oa unan hag a oa tregont litrad e-barzh ».

Il compare la qualité appréciée de son lait, par rapport à celui collecté et vendu par la coopérative : « Ne oa ket "pareil" nann ... n'eo ket memes blaz ken  ». Le mot « blaz » (et non du nez, bien que le terme veut aussi dire odeur !) évoque « son goût qui n'était pas pareil ». La raison de la différence était en partie due à la quantité de crème (« an dienn » en breton) conservée dans le lait de Kerhamus.

On notera aussi l'expression bretonne « an hanter keroc'h » qui souvent est dite en français « à moitié plus cher » par les bretonnants, alors qu'en fait il s'agit du double, la moitié étant appliquée en breton au prix total, et non au prix de départ.

 

Lors des livraisons quotidiennes à Quimper, il est aussi question des commandes de légumes (sacs de pommes de terre, choux pommés ...), de balles d'avoine qu servaient de matelas aux bébés, de bois de chauffage et de barriques de cidre.

La deuxième partie de l'interview porte sur l'importance autrefois du charroi et épandage du fumier. René Danion a écrit de belles pages sur ce sujet dans le premier chapitre de son livre « L'entraide agricole à Ergué-Gabéric de 1930 à 1960 ».

L'intérêt est ici d'entendre le descriptif de cette activité en langue bretonne : « neuze en em sikouriñ evid ar ...evid charreat teil da gomañs », où « charreat teil » (charroi de fumier) est le transport de tout le fumier des crèche dans les champs, une grosse journée de travail en fin d'année avant que les domestiques s'absentent 10 jours pour négocier leurs gages.

Quatre à cinq personnes par charroi étaient nécessaires. Et parmi eux, celui qui était surnommé « an tenner a-dreñv » (le tireur arrière), chargé avec son croc (« kreier don ») de faire tomber au sol le fumier de la charrette.

En savoir plus : « Rene Danion deus an Erge-Vras, Komzoù brezhoneg gant Lors Jouin », « René Danion, agriculteur-éleveur à Kerhamus »

2 Une gabéricoise féministe en résistance

Billet du 02.02.2019 - « Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes - Ni l’orgue ni la prière aux agonisants - ... Vous vous étiez servi simplement de vos armes - La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans », Louis Aragon, Strophes pour se souvenir, cérémonie d'inauguration de la rue du Groupe-Manouchian.

On connaît aujourd'hui l'arrestation en 1943 du groupe Manouchian par la Brigade spéciale no 2 des Renseignements généraux de la police française. Ces jeunes francs-tireurs et partisans communistes ont fait partie de la branche MOI (Main-d'Ouvre Immigrée) de l'organisation FTP (Francs-tireurs et Partisans) et fusillés au Mont-Valérien. L’affiche rouge ci-contre de propagande allemande a été placardée massivement en France sous l'Occupation pour dénigrer ces résistants communistes.

Jeanne Le Pape est arrêtée en 1944 par la même Brigade Spéciale. Elle est née le 5 septembre 1895 à Pennanec'h de parents journaliers agricoles. Elle se marie en 1919 avec Alain Le Corré né en 1890 dans le village voisin de Quélennec.

À la lecture du compte-rendu de son interrogatoire par les Renseignements Généraux on apprend que :

Image:Right.gifImage:Space.jpgElle est domiciliée en 1937 à Saint-Denis en région parisienne « dans un logement au loyer annuel de 1.000 francs »

Image:Right.gifImage:Space.jpgEn 1941 son mari décède, et son fils né en 1920 « est en Allemagne » (sans doute dans un camp de prisonniers ou de STO).

Image:Right.gifImage:Space.jpgAvant guerre, journalière de profession, elle travaille à la mégisserie Floquet, spécialisée dans le tannage de cuirs à St-Denis, et est embauchée ensuite par les établissements Cams en août 1943.

Image:Right.gifImage:Space.jpgAvant 1939 elle milite au sein de « l'Union des Jeunes Filles de France », affiliée au Parti Communiste, pour défendre l'égalité des droits avec les hommes, aussi bien dans le domaine politique qu'économique.

Elle est arrêtée le 5 mai à l'occasion d'une rafle parmi les relations de Lucien Briffaut et Germaine Debail, deux membres actifs des FTP qui préparent une action contre un officier de police : « Le 4 courant, un homme et une femme qui semblaient surveiller, rue de Nanterre à La Garenne, un immeuble habité par un inspecteur du Commissariat de Colombes, ont été appréhendés. »

Au total 34 personnes sont arrêtées et chez certains de la documentation et une machine à écrire, ainsi que des armes, sont trouvées : «  3 pistolets, 3 grenades, 50 déto ..., 3 mitraillettes, 6 chargeurs ». Jeanne, appréhendée alors qu'elle rend visite à Germaine Debail apparaît dans la liste des « hébergeurs, agents de liaison et autres complices ». Elle se désolidarise de son amie qu'elle a connue chez Floquet avant guerre en invoquant une affaire de location de logement vacant : « Lorsque je voyais Debail, elle ne me parlait pas de son activité politique ; d'ailleurs je la voyais très rarement. »

Les brigades spéciales (BS) de la préfecture de police de Paris spécialisées dans la traque aux « ennemis intérieurs », principalement communistes, prisonniers évadés ou réfractaires au STO, sont très organisées et très liées aux polices allemandes. Pour la rafle « Briffaut et autres » de mai 1944, la BS n° 2 a rédigé de nombreuses fiches et rapports d'opérations et d'interrogatoires

 

dans lesquels transparaît l'éthique nazie. Notamment ce qualificatif de « race aryenne » indiqué systématiquement pour identifier les interpellés, y compris bien sûr Jeanne Le Pape.

La courageuse féministe sortira de prison et connaîtra la Libération de Paris en août 1944. Elle décède à l'age de 79 ans le 6 mai 1975 à Argenteuil, près de Saint-Denis.

* * *

Grâce au dossier d'interpellation de mai 1944, Jeanne Le Pape a désormais sa notice en tant que native d'Ergué-Gabéric dans « Le Maitron », le dictionnaire biographique des mouvements ouvriers et sociaux :

« LE CORRÉ Jeanne, Marie, née LE PAPE. Née le 25.09.1895 à Ergué-Gabéric (Finistère), fille de journaliers, mariée dans sa commune natale le 29 juin 1919 avec Alain, Joseph Le Corré, mère d’un enfant, journalière à Saint-Denis (Seine), Jeanne Le Corré était l’une des animatrices de l’Union des comités de Femmes de l’Ile de France en 1939 ... ».

En savoir plus : « MAITRON Jean - Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social », « 1944 - Arrestation de la féministe Jeanne Le Pape, communiste et sympathisante FTP », « Jeanne Le Pape, journalière féministe et militante communiste »

3 Spectacle et pièce de théâtre en 3 actes

Billet du 26.01.2019 - « Et dans les théâtres, nous avions une faveur spéciale et précieuse : pendant que les civils étaient obligés de faire queue et de rester grelotter l'hiver des heures entières pour avoir une place, nous autres, il nous suffisait d'arriver dix minutes avant l'ouverture des portes pour y entrer librement, en passant entre deux haies de civils qui enviaient notre bonheur. » (Intégrale des Mémoires d'un paysan bas-breton, cahier n° 7, p. 34)

Jean-Marie Déguignet, s'il vivait aujourd'hui, serait surpris de savoir qu'au moins deux pièces et représentations contemporaines sont consacrées à ses réflexions autobiographiques et philosophiques, l'une composée par un professionnel médico-social et passionné de linguistique, et l'autre jouée par un comédien français reconnu.
La première est un drame historique en 3 actes écrit par Benoit Corriol : 1. L'empire, 2. La guerre, 3. La paix. La référence au libre-penseur Jean-Marie Déguignet n'est pas explicite, mais on peut naturellement y reconnaître une libre interprétation de ses « Mémoires d'un paysan bas-breton ».

Le personnage principal lui-même est prénommé François Marie, fils de Jean Marie, comme s'il y avait eu un dédoublement de personnalités entre le « père prévoyant et prométhéen » et le fils « plutôt fragile et malingre » et « solide et résistant durant sa carrière militaire ». Parmi les autres personnages, on notera entre autres l'apparition intéressante d'un Le Bras en « ami fidèle d'enfance ».

La force et valeur de cette pièce de théâtre sont intrinsèquement dans les déclamations incantatoires d'un véritable « conquérant du XIXe siècle »  :

Image:Right.gifImage:Space.jpgLa 4e de couverture est tout simplement un poème d'inspiration Homérique : « - Heureux qui comme lui a fait un long voyage - Et comme celui là qui conquit sa liberté - Dans la folle mer, au prix de sa sérénité - Le feu, le sang ; le chemin devint sauvage ... »

Image:Right.gifImage:Space.jpgLa croyance de François Marie en les bienfaits de la science est très ancrée : « La science, elle est en toute chose, bien plus sûrement que Dieu ... Peut-être qu'en comprenant les mouvements des abeilles, nous comprendrons la marche du monde. »

Image:Right.gifImage:Space.jpgSes colères contre le religieux sont réécrites avec force : « Les écrits fripons de vos cardinaux soupèsent la doctrine de la foi au regard des pièces d'or. La sainteté vendue comme les indulgences. »

Image:Right.gifImage:Space.jpgNéanmoins une espérance positive transparaît au moment du testament réadapté au public de la pièce : « Je vois les lumières de l'électricité et de la lune se refléter dans les flaques de cette place goudronnée. Moins de pavé pour défendre la république. Le peuple saura bien faire vivre la démocratie comme nous l'avons fait, les générations avant eux ... »

La seconde représentation est un spectacle conçu en 2008, s'inspirant directement des « Mémoires d'un paysan bas-breton » :

  fils de mendiant, il s’engage dans l’armée de Napoléon III et s’intéresse aux religions qui n’ont jamais cessé de s’affronter ; de retour au pays, il se marie et exerce le métier potier et essaie de trouver le sens du monde et de sa vie.

Quant au titre, on ne peut pas s'empêcher de penser aux « Rêveries du promeneur solitaire », ouvrage inachevé de Jean-Jacques Rousseau rédigé entre 1776 et 1778, où l'auteur délivre des réflexions autobiographiques et philosophiques.

Le potier parle, de ses voyages et des religions, tout en activant son tour de potier et montrant ses poteries d'argile :

Image:Right.gifImage:Space.jpg« Quel Jésus ? Il a vécu là autrefois à Jérusalem. Il parait qu'autrefois cet homme-là il disait qu'il était le Fils de Dieu ... »

Image:Right.gifImage:Space.jpg« À peu près dans la même région, quelques siècles plus tard, voilà qu'un arabe, un certain Mohammed, se met à faire à peu près les mêmes discours à propos de Dieu ... »

Image:Right.gifImage:Space.jpg« Alors c'est la guerre, tout simplement la guerre. Les religions pour qu'elle se fassent reconnaître et se faire respecter, ça a toujours été par la violence ... »

Image:Right.gifImage:Space.jpg« Heureusement il n'y a pas que de la colère, il y a aussi de la beauté. C'est vrai, la religion catholique, elle est ce qu'elle est, mais quelle beauté artistique elle a engendrée ... »

En savoir plus : « CORRIOL Benoit - François Marie », « Rêveries d'un potier solitaire par Loïc Pichon »

4 Breton dans l'armée fédérée en 1871

Billet du 19.01.2019 - Les malheurs d'un fils de journalier d'Ergué-Gabéric pendant la guerre de 1870 et la Commune de Paris au travers de ses condamnations militaires, son rejet de demande de grâce et sa notice dans le Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social.

D'aucuns affirment que, pendant la Commune de Paris, les bretons se sont illustrés uniquement dans les rangs des Versaillais, avec Thiers, pour mater les insurgés de Paris. Le document ci-dessous prouve qu'il existe des exceptions, que certains finistériens ont été du côté des communards et ont subi ensuite la répression militaire des vainqueurs.

Notre natif d'Ergué-Gabéric s'appelle Yvon Queinnec, Yves-Marie sur son acte de naissance en 1845, et son père journalier agricole loue cette année-là un penn-ty dans le village de Quélennec. Sans doute les Queinnec connaissent-ils Jean-Marie Déguignet, enfant de Quélennec entre 1838 et 1848, qui deviendra aussi militaire et écrira ses « mémoires de paysan bas-breton ».

Yvon Queinnec monte d'abord sur Paris pour y exercer le métier de « valet de chambre ». En pleine guerre contre la Prusse il est engagé volontaire dans le 4e régiment de zouaves. Et en janvier 1871 il participe à la prise de la redoute de Montretout en St-Cloud, au-dessus de Garches, occupée par l'armée prussienne. Dans le rapport d'enquête de 1872 Queinnec dit y avoir été blessé, mais le rapporteur ajoute « dit-il », comme s'il ne le croyait pas du tout.

Ensuite Queinnec change de camp, et il va se battre dans les rangs de l'armée fédérée : « Sous la commune il a appartenu à la 2e batterie d'artillerie de la 5e légion ». Au mois de mai il est de service pendant 3 jours sur les barricades fortifiées de la porte Maillot, juste avant le 21 mai qui est le début de la semaine sanglante.

Quand il sera jugé, il essaie de se justifier comme il peut devant les enquêteurs et les militaires en charge de la répression : « Son système de défense consiste à alléguer qu'il a été contraint de servir, et qu'il s'est borné à faire la cuisine, excuse trop souvent invoquée pour qu'elle puisse être admise. »

Le 21 mai, l'armée versaillaise étant entrée dans Paris, il se replie derrière les barricades du Panthéon. Il rentre se reposer chez lui rue d'Ulm, près du Panthéon, et le 23 mai il est fait prisonnier.

Son histoire, relatée dans le document d'archives ci-dessous, ne s'arrête pas là : comme 20.000 communards arrêtés à Paris, afin d'alléger les prisons versaillaises surchargées, il est mis dans un train et transféré sur un « ponton » dans un port comme Brest où ils sont les plus nombreux à y être emprisonnés. Les pontons sont de vieux vaisseaux désaffectés, sur lesquels on entasse les prisonniers. Chaque ponton abrite de 700 à 900 hommes enfermés dans les batteries (emplacement des canons, sur les anciens vaisseaux de guerre), dans une quasi-obscurité.

 
[Barricade à la porte Maillot, mai 1871]

Et là, Queinnec se fait remarquer par un acte d'insubordination, il est condamné en février 1872 par le 1er conseil de guerre maritime à 6 mois d'emprisonnement « pour rébellion sur les pontons, envers un agent de la force armée. »

La condamnation finale pour sa participation à la Commune de Paris sera prononcée le 8 mai 1872 par le 13e conseil de guerre : « condamnation à un an d'emprisonnement et à cinq ans de surveillance de la haute police, pour participation à l'insurrection de Paris. »

Un recours en grâce est formulé par des « personnes se disant parents ou amis du condamné », et parmi ceux-ci sans doute son jeune frère François-Alain qui est caporal d'armes. La demande est refusée et il est « transporté à la maison de correction de Vitré » ; on ne sait pas ce qu'il deviendra par la suite.

* * *

Sur la base de ces informations, essentiellement celles du dossier de recours en grâce, Yvon Queinnec a désormais sa notice en tant que natif d'Ergué-Gabéric dans « Le Maitron », le dictionnaire biographique des mouvements ouvriers et sociaux :

« QUEINNEC Yves, Marie. Né le 1er novembre 1845 à Ergué-Gabéric, arr. de Quimper (Finistère) ; célibataire ; valet de chambre. Il était engagé volontaire au 4e régiment de zouaves pour la durée de la guerre et avait été blessé, dit-il, à Montretout. Sous la Commune, il fit partie de la 2e batterie d’artillerie de la Ve légion ... ».

Six autres personnalités nées ou ayant séjourné à Ergué-Gabéric ont, comme Yvon Queinnec, leur fiche dans Le Maitron et on vous les présentera très prochainement.

En savoir plus : « MAITRON Jean - Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social », « 1872 - Condamnation d'Yvon Queinnec pour insurrection par le 13e conseil de guerre », « Yvon Queinnec, engagé volontaire et communard condamné pour insurrection »

5 La Fée Electricité à Ergué-Gabéric

Billet du 12.01.2019 - Coupures de presse de 1932-33, comptes-rendus de conseils municipaux de 1937-38 pour autoriser des emprunts pour l'extension du programme d'électrification de la commune, son financement, des photos commémoratives et des témoignages sur ce « bienfait de nos campagnes. ».

Les documents de 1937-38 concernent l'extension du l'acheminement de l'électricité sur la commune, notamment pour desservir 3 fermes isolées (Kervern, Penvern et Kerlavian) à l'est de la commune, et détaillent le coût des opérations pour la commune et de son financement par une hausse d'impôt.

Le projet de réseau électrique rural du département du finistère est lancé dans les années 1930 avec création d'entreprises et syndicats d'électrification. Dans la région quimpéroise, jusqu'aux nationalisations d'après-guerre, deux compagnies se partagent les installations : la société Lebon et Cie, une entreprise de Dieppe spécialisée initialement dans l'éclairage au gaz et reconvertie dans le conrant alternatif, et Sud-Finistère électrique, entreprise créée en 1919 pour distribuer le courant continu. Pour la pose des poteaux en ciment ajouré c'est la société Cabagno qui est sollicitée.

En février 1932 le député Maurice Bouilloux-Lafont, élu de la 1ère circonscription Quimper, annonce l'accord de financement : « Subvention principale et complémentaire payable dans la limite des disponibilités budgétaires s'élevant à 42% des dépenses qui seront réellement faites »

Le premier chantier amène l'électricité et l'éclairage au bourg et à Lestonan dès 1933, et dessert la majorité des fermes et villages en 1934-37. Si l'on prend comme référence les subventions accordées aux trois communes de Pluguffan, Plomelin et Ergué-Gabéric, on peut calculer que pour cette dernière le coût de l'électrification est de l'ordre de 185 000 francs (233 940 / 3 / 0,42).

En 1938 un surcoût de 43 260 francs pour l'extension du réseau sur la partie est de la commune est autorisé par le conseil municipal et par le préfet.

Cette dépense est financée à hauteur de 42% par le ministère de l'agriculture, et le reliquat par un emprunt de 20 ans à la Caisses des Dépôts et Consignation qui entraîne d'un impôt exceptionnel de 7 centimes : en fait il faut comprendre 7 centimes pour un euro de contribution, soit une hausse de 7% sur les trois impôts collectés au niveau communal (foncier, habitation et patente).

Comme le coût du premier chantier s'élève à 4 fois le montant du projet d'extension, on peut estimer que l'électrification rural d'avant guerre de la commune aura généré une hausse de 35% de contribution fiscale de la part des habitants de la commune.

[Détail de la grande fresque "La fée électricité" de Raoul Dufy, Expo Inter. 1937]

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1937-38 Extension du réseau électrique communal »

 
[Arrivée de l'électricité et éclairage public au Bourg en 1933]

La photo ci-dessus a été prise au bourg lors d'une fête de commémoration organisée vraisemblablement par le syndicat intercommunal d'électrification de la région de Quimper. À droite on peut voir un poteau électrique en béton ajouré mis en place par l'entreprise Cabagno.

Après guerre, dans les années 1950, l'électrification s'est poursuivie pour atteindre les hameaux les plus éloignés et des postes transformateurs supplémentaires de quartier ont été installés. Ces extensions de réseau amenaient l'électricité dans des maisons qui n'avaient pas eu la possibilité d'être branchées et, à chaque fois, les habitants fêtaient l’événement comme il se doit.

Ainsi par exemple en 1953, on organise à Garsalec une inauguration officielle du transfo de Guilly-Vraz, un vin d'honneur (cf. la photo dans l'article) et une soirée dansante au café-épicerie Quelven : « Un vin d'honneur était organisé au bistrot Quelven l'inauguration du poste transfo de Guilly-Vraz qui eut lieu en fin de matinée au cours de laquelle est restée en mémoire locale la phrase biblique prononcée m'a-t-on dit par Jean-Marie Quéau de Parc Land, adjoint au maire : "Que la lumière soit et la lumière fut". Après le vin d'honneur, un bal fut organisé le soir dans la même salle par des musiciens amateurs secondés par un électrophone et un micro. » (René Le Reste).

Le progrès est indéniable : « Par la suite la fée lumière équipa progressivement les maisons du quartier ... On mit au rébus la lampe pigeon, et on découvre l'ampoule électrique, une 25 watt, super pour les devoirs des écoliers. » (René Le Reste)

En novembre 1955 on pose un transformateur à Kerroué pour desservir enfin tous les villages de l'est de la commune le long de la route d'Elliant, de Keristin et Kerdilès au moulin du Jet : « Avec la mise sous-tension du poste de Kerroué, Ergué-Gabéric termine pour ainsi dire son plan d'équipement électrique. Il reste cependant le poste de Méouet en construction et quelques branchements isolés qui, nous le pensons, seront bientôt réalisés. » (Le Télégramme). Même le recteur Gustave se déplace pour la cérémonie d'inauguration et bénit le poste transformateur.. Et tout le monde est invité au vin d'honneur « pour arroser comme il se doit cette étape dans le modernisme qui ne doit pas s'arrêter en si bon chemin pour le bienfait de nos campagnes. ».


Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Souvenirs d'électrification rurale dans les années 1932-1955 »

6 Les chroniques de la bonne année

Billet du 05.01.2019 - « En verre et contre tous … au 1er mai 1934 » : ouverture et 4e de couverture du Kannadig, et très bonne année 2019.

Tout d’abord un article sur les admirables vitraux contemporains et controversés de la chapelle de Kerdévot posés en 1994-97.

Puis les guerres de Napoléon via ses voltigeurs et fusiliers gabéricois et une mise à jour sur la dernière patrouille du 10 novembre 1918.

Déguignet est abordé au travers de ses cahiers qui viennent d’être numérisés et mis en consultation sur Internet, et aussi vu par un autre écrivain, Hervé Jaouen.

Côté Bolloré, c’est la procession de la Fête-Dieu en 1918, une double généalogie familiale, des arbres qui seront bientôt les plus hauts de France, et le cri de la S.F.I.O. et du comité de défense laïque en 1927.

Deux documents inédits sur la famille noble Rozerc’h du manoir de Pennarun, respectivement en 1594 et 1617.

Et pour finir ce bulletin, une histoire de gilet jaune le 1er mai 1934 à Paris, non pas sur les Champs-Elysées, mais rue Nationale, aux abords de la cité Jeanne-d’Arc.

Par ailleurs les annales 2018 sont toujours disponibles au prix de 17 euros. Et on a déjà démarré la préparation des annales de 2019 qui seront normalement prêtes plus tôt dans le courant de l’année.

Que 2019 soit une année belle et innovante !


Bloavezh mat d’an holl !


Feu !! A-raok !!

Lire le bulletin en ligne : « Kannadig n° 44 Janvier 2019 »