1940 - Courriers reçus et notes rédigées par Henri Waquet sur Guy Autret

Rosmorduc, 1er oct. 1940.

Monsieur l'Archiviste,

C'est avec grand plaisir que je mettrai à votre disposition, se cela peut vous intéresser, ma collection des œuvres généalogiques de notre ami Guy Autret.

J'aurais été heureux de vous l'apporter moi-même, mais depuis le règne de l'Allemand à Brest et du Corse à Quimper, il m'a été impossible de faire usage de mon automobile bretonne.

Si le chemin de fer veut bien se charger du colis (environ 4 kg) je pourrai vous l'expédier dès que j'aurai l'occasion d'aller à Daoulas.

Veuillez bien agréer, Mr l'Archiviste, l'assurance de mon meilleur souvenir.

Rosmorduc.

Je me permets de vous signaler, en passant, que vous trouverez dans la liasse E 225, du fonds du Disquay, un mémoire des frais occasionnés par les services délivrés après la mort de Guy Autrer.

Bibliothéque de la Ville de Nantes.
Nantes, le 27 Septembre 1940.

Monsieur l'Archiviste départemental du Finistère, Quimper.

Monsieur l'Archiviste,

En l'absence de M. Lelièvre, prisonnier de guerre dont nous sommes sans nouvelles en ce moment, j'ai l'honneur de vous donner les indications suivantes :

1°) En dépit des renseignements de notre catalogue, imprimé en 1870, nous ne possédons pas le « Dessein et Projet » de Guy Autret de Missirien. Cela résulte de l'habitude fâcheuse qu'avait Emile Péhant le rédacteur de ce catalogue, de cataloguer les uns à la suite des autres, non seulement les ouvrages qui existaient alors à la Bibliothèque, mais encore ceux se rapportant au même ordre d'idées, dont il avait eu connaissance par ailleurs. Il indiquait généralement ces derniers par une double astérisque.

2°) Il en est de même pour les « Annotations aux lettres patentes » figurant sous le n° 48413. Nous en avons bien un autre exemplaire inscrit sous le n° 100.421, mais il est à la réserve, cest-à-dire évacué en ce moment.

3°) Enfin la correspondance cotée 48234 (ms. 1294) n'est pas celle publiée chez H. Champion par Arthur de La Borderie en 1880. Elle contient une copie faite par Dom Morice d'une lettre de Missirien, datée de "Kemper-Corentin" le 17 novembre 1658 à M. Gaignard, Conseiller et Secrétaire du Prince de Quémené, relative à son « Dessein d'Histoire » qu'il se propose de lui montrer, et d'un projet de voyage à Blain. Cette copie formant les feuillets 4 à 6 de notre manuscrit est suivie d'une note de Dom Morice, selon laquelle, d'après ses lettres de Lavignolle à Courtillaux datées du 1er et de 20 juin 1660 Missirien aurait fait un voyage à Paris, où il travaillait à la généalogie de la maison de Rohan et y serait mort à cette époque.

Je tiens d'ailleurs ce manuscrit à votre disposition, au cas où vous voudriez continuer vos recherches.

Veuillez agréer, Monsieur l'Archiviste, l'expression de mes sentiments cordiaux et dévoués.

Le Bibliothécaire, F. Granet.

Quand il n'est pas à Lezergué, à Lezoualc'h ou au Kergoz, Guy Autret est en route pour des recherches d'archives ou le règlement de quelque affaire. C'est un juriste et qui sait se débrouiller dans les écheveaux confus des parentés. Il sait interpréter les archives et il est l'équité même ; admirables qualités pour servir d'arbitre. A tout instant les gens embarrassés recourent à lui, l'arrache à sa solitude. Il rédige des consultations sur des matières de droit. Il dépouille les papiers, les rentiers, les rôles, les titres, il visite les maisons, il fait « le personnage de priseur noble et de commissaire d'importance ».

Le 6 août 1641 il est à Quimperlé pour présider à un partage dans la famille Le Prestre de Lezonnet.

À Rennes en mai 1655, il a sur les bras trois arbitrages des trois plus grosses affaires de la province. Ajoutez y trois gros procès pour ses amis et trois petits pour sa femme - sans préjudice des gens qui le sachant là, viennent lui apporter des actes pour leurs généalogies. Il commence à trouver que c'est trop ; il n'a « loisir ni de dormir ni de manger » et sa santé s'en ressent. Ses cheveux sont devenus tout blancs « comme du papier ». ses médecins lui disent qu'il se tue, mais il se refuse à « abandonner tout si brusquement ». D'ailleurs Rennes est plein de charmes pour lui ; il y reste volontiers deux ou trois mois, logeant avec une dizaine de conseillers du Parlement « qui sont affamés de nouvelles ». En 1647 il fit un voyage en Anjou et en Poitou ;

À d'Hozier il raconte le duel de Berrien annoncé en 1640 (19 mars), un chaud et opiniâtre combat naval entre les Malouins venant de la Méditerranée et des Dunkerquois allant en Espagne.

Aux Etats de Nantes en décembre 1636 son opinion sur les Etats. Dégouté de la vie publique il se rencogne dans son manoir et se replie vers le passé, son éloge de l'histoire, ses projets, sa conception de l'histoire.

Pour compléter une causerie sur Guy Autret.

Pour sujet alors sa correspondance avec d'Hozier p.p. M. de R. C'est l’œuvre ... qui nous reste de G.A. En dehors de cela seulement 2 brochures l'une publiée en 1642 puis en 1655 à Rennes comme sorte de prospectus de publicité afin de recueillir des souscriptions à l'Histoire de Bretagne dont la composition fut la grande oensée de toute sa vie. Simple plaquette de 20 pages dont les parties les plus curieuses ont été rééditées par M. de Rosmorduc dans son introduction à la correspondance.

L'autre, un plus plus épaisse, quoiqu'elle ne dépasse pas 45 pages est de 18 ans antérieure, publiée à Nantes, chez Hilaire Mauclerc en 1637 et a pour titre « Annotations sur les lettres patentes du roy portant commission de convoquer le ban et l'arrière-ban de Bretagne », où l'on traite sommairement des privilèges des nobles de Bretagne touchant l'arrière-ban et de la nécessité de la guerre contre l'Espagne.

Après diverses considérations morales, adroitement tournées, sur la critique (c'est un sujet qui l'occupe, car il y revint plus tard en termes charmants dans sa seconde brochure), il annonce qu'il a entrepris

Il publie les lettres patentes du 11 août 1636 portant commission du duc de Brissac, lieutenant général en Bretagne de convoquer et commander le ban et arrière-ban de la province, puis l'ordonnance du duc de Brissac visant à l'exécution des lettres patentes (29 août 1636).

Puis viennent les commentaires, assez libres. Guy Autret doute de la légalité de la procédure employée ...

Missirien.

Lettres patentes portant commission à M. le duc de Bretagne, portant pour S.M. en Bretagne de convoquer et commander le ban et arrière-ban & autres ... de cette province : avec annotations où on traite sommairement des privilèges des nobles de Bretagne touchant l'arrière-ban et de la nécessité de la guerre contre l'Espagne par Guy Autret, sieur de Missirien et de Lezergué. Nantes Hilaire Mauclerc 1632 in 40 4...

Indiqué sur le catalogue de la Bibliothèque de Nantes Tome V 4 380 ap. le n° 48.413, mais ne se trouve pas à la Bibliothèque.

Missirien. 1658.

Autret de Missirien, Lettre à Ch. Gaimard relative à l'Histoire de Bretagne (1658), Revue de Bretagne et de Vendée, III, 426.

La Borderie n'a-t-il pas publié une lettre de Guy Autret dans « Correspondances des Bénédictines bretonnes » ?