1929 - La critique des initiatives de René Bolloré par le recteur Pennec
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Je ne vous conseille pas d'entrer en pourparlers avec Mr Bolloré ni d'intervenir directement parce que ce serait probablement peine inutile. | Je ne vous conseille pas d'entrer en pourparlers avec Mr Bolloré ni d'intervenir directement parce que ce serait probablement peine inutile. | ||
- | Je ne sais pas ce qu'il y a eu entre note Evêque et l'Usinier d'Odet. Mais j'aurais de la peine à admettre qu'ils soient parfaitement d'accord, après cette exposée nette de la situation. | + | Je ne sais pas ce qu'il y a eu entre note Evêque et l'Usinier d'Odet. Mais j'aurais de la peine à admettre qu'ils soient parfaitement d'accord, après cette exposition nette de la situation. |
Pour répondre à vos questions j'ai peut-être employé des termes qui auraient été plus claires, il suffira que vous puissiez en bien dégager la pensée. | Pour répondre à vos questions j'ai peut-être employé des termes qui auraient été plus claires, il suffira que vous puissiez en bien dégager la pensée. | ||
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J'ai su trop tard que votre Grandeur partait à midi ce matin. Quand je suis sorti de l'Evêché il y a 3 jours, après avoir parlé des projets de M. Bolloré sur la création d'une école laïque à St-André, le fait m'a paru tellement grave, que, pour libérer ma conscience, je me suis fait un devoir de poser à M. le Recteut d'Ergué-Gabéric quelques questions précises, auxquelles il vient de me répondre. J'ai l'honneur de vous transmettre son rapport. | J'ai su trop tard que votre Grandeur partait à midi ce matin. Quand je suis sorti de l'Evêché il y a 3 jours, après avoir parlé des projets de M. Bolloré sur la création d'une école laïque à St-André, le fait m'a paru tellement grave, que, pour libérer ma conscience, je me suis fait un devoir de poser à M. le Recteut d'Ergué-Gabéric quelques questions précises, auxquelles il vient de me répondre. J'ai l'honneur de vous transmettre son rapport. | ||
- | Monsieur le Recteur, sans aucune hésitation, conclut que cette combinaison ferait beaucoup de mal. Il suffit en effet de regarder le fragment de carte que j'ai décalqué : les traits rouges indiquent les routes nationales, les traits au crayon noir, les routes communales. Comme St-André est bien situé ! au carrefour de 2 grande-routes, et toute une quantité de petits chemins ! on y accède de tous côtés. A St-André, M. Bolloré pense construire <u>un groupe scolaire</u>, c'est-à-dire non plus une école de garçons, mais <u>une école de filles</u> également. On va donc établir à St-André une école de garçons et une école de filles ! Résultats : les instituteurs et institutrices n'ayant plus devant eux le prêtre pour combattre leur sinistre influence, vont faire ce qu'on font partout, et plus vite qu'ailleurs : déchristianiser le pays : voilà 4 paroisses souillées, Langolen, Elliant, Landudal, Ergué, ce sera un nouveau Lesconil <ref>L'affaire de Lesconil est très décrite par Pierrick Chuto dans son livre « <i>Du Reuz en Bigoudénie. Bllancs de Plobannalec et Rouges de Lesconil (1892-1938)</i> ».</ref>. Voilà de plus 4 écoles, au moins, de sérieusement attentes : Langolen perdra toute une partie de Landulal et de Langolen ; Elliant n'aura plus autant d'enfants de son secteur nord, nord-ouest et ouest ; l'école d'Odet elle-même perdra des élèves ; quant à Ergué-Gabéric, elle n'aura quç se fermer : plus d'internes, quelques rares externes. Langolen et Elliant perdront aussi des internes, donc auront plus de peine à vivre, car tout le voisinage de St-André u enverra les petites filles comme externes, prenant Langolen, Elliant et Ergué d'un bon contingent d'internes. Autre conséquence : ces écoles ayant moins d'élèves, perdent de leur importance, donc de leur prestige aux yeux des parents, et par suite attireront moins la clientèle. | + | Monsieur le Recteur, sans aucune hésitation, conclut que cette combinaison ferait beaucoup de mal. Il suffit en effet de regarder le fragment de carte que j'ai décalqué : les traits rouges indiquent les routes nationales, les traits au crayon noir, les routes communales. Comme St-André est bien situé ! au carrefour de 2 grande-routes, et toute une quantité de petits chemins ! on y accède de tous côtés. A St-André, M. Bolloré pense construire <u>un groupe scolaire</u>, c'est-à-dire non plus une école de garçons, mais <u>une école de filles</u> également. On va donc établir à St-André une école de garçons et une école de filles ! Résultats : les instituteurs et institutrices n'ayant plus devant eux le prêtre pour combattre leur sinistre influence, vont faire ce qu'on font partout, et plus vite qu'ailleurs : déchristianiser le pays : voilà 4 paroisses souillées, Langolen, Elliant, Landudal, Ergué, ce sera un nouveau Lesconil <ref>L'affaire de Lesconil est très décrite par Pierrick Chuto dans son livre « <i>Du Reuz en Bigoudénie. Bllancs de Plobannalec et Rouges de Lesconil (1892-1938)</i> ».</ref>. Voilà de plus 4 écoles, au moins, de sérieusement attentes : Langolen perdra toute une partie de Landulal et de Langolen ; Elliant n'aura plus autant d'enfants de son secteur nord, nord-ouest et ouest ; l'école d'Odet elle-même perdra des élèves ; quant à Ergué-Gabéric, elle n'aura qu'à se fermer : plus d'internes, quelques rares externes. Langolen et Elliant perdront aussi des internes, donc auront plus de peine à vivre, car tout le voisinage de St-André u enverra les petites filles comme externes, prenant Langolen, Elliant et Ergué d'un bon contingent d'internes. Autre conséquence : ces écoles ayant moins d'élèves, perdent de leur importance, donc de leur prestige aux yeux des parents, et par suite attireront moins la clientèle. |
- | En face de ces ruines quels avantages opposer : aucun ; les 2 écoles d'Odet auraient vidé petit à petit les écoles laïques, et ces maîtres et maîtresses n'auraient guère eu d'influence. Surtout quand il y aura un aumônier à Odet pour les empêcher de nuire. Le jour où ces maîtres auront réussi à corrompre St-André et les environs, les paroisses d'Elliant, Landudal, Langolen, Ergué ne seront pas loin d'être perdues, et M. Bolloré pourra alors chercher, mais vainement, le moyen d'endiguer le mal qu'il aura déferlé ! Je comprends les appréhensions de M. le Recteur d'Ergué | + | En face de ces ruines quels avantages opposer : aucun ; les 2 écoles d'Odet auraient vidé petit à petit les écoles laïques, et ces maîtres et maîtresses n'auraient guère eu d'influence. Surtout quand il y aura un aumônier à Odet pour les empêcher de nuire. Le jour où ces maîtres auront réussi à corrompre St-André et les environs, les paroisses d'Elliant, Landudal, Langolen, Ergué ne seront pas loin d'être perdues, et M. Bolloré pourra alors chercher, mais vainement, le moyen d'endiguer le mal qu'il aura déferlé ! Je comprends les appréhensions de M. le Recteur d'Ergué. Je comprends que les institutrices libres d'Ergué fassent, comme la Directrice me disait hier, des neuvaines pour l'échec des projets de M. Bolloré. Ce que je redoute le plus, c'est la création des écoles de hameau, car c'est le loup dévorant les brebis, sans que le Pasteur puisse les défendre. Rien ne m'effraie autant que de lire dans les journaux ou les comptes-rendues de Crongrès d'instituteurs, dans les rapports d'Inspecteurs Primaires, de lire qu'il faut multiplier les écoles de hameau afin de diminuer les absences des enfants de l'école : nous perdrions la moitié de nos élèves. |
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+ | M. le Recteur d'Ergué-Gabéric n'aimerait sans doute pas que M. Bolloré connut ses sentiments vis-à-vis de son malheureux et néfastes projet, car il a besoin de M. Bolloré pour ses œuvres. J'accepte de prendre la responsabilité entière de ce rapport, trop heureux si j'empêchais de se consommer ce que j'estime une oeuvre mauvaise. | ||
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+ | Veuillez agréer, Monseigneur, l'assurance de mon profond respect. Salomon, Inspecteur diocésain. | ||
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Version du 12 juin ~ mezheven 2019 à 14:36
| Le désaccord du recteur Louis Penne face au projet de l'industriel René Bolloré de créer une école laïque dans le quartier excentré de Saint-André.
Documents conservés aux Archives Diocésaines de Quimper. . Autres lectures : « 1927-1929 - Tentative de fermeture de l'école communale de Lestonan par René Bolloré » ¤ « Invectives du comité de Défense Laïque contre René Bolloré, Le Cri du Peuple 1927-1929 » ¤ « AC'H François et RAULT Roger - Les écoles publiques de Lestonan, 1880-1930 » ¤ « Louis Pennec, recteur (1914-1938) » ¤ |
1 Présentation
2 Transcriptions
Louis Pennec, 21.06.1929
Inspecteur diocésain, 24.06.1929
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Louis Pennec, 26.09.1929
Louis Pennec, 26.12.1929 Louis Pennec, 10.05.1930 |
3 Originaux
ADQ EG | |||||
4 Annotations
- L'affaire de Lesconil est très décrite par Pierrick Chuto dans son livre « Du Reuz en Bigoudénie. Bllancs de Plobannalec et Rouges de Lesconil (1892-1938) ». [Ref.↑]
Thème de l'article : Etude et transcriptions d'actes anciens Date de création : juin 2019 Dernière modification : 12.06.2019 Avancement : [Développé] |