1867 - Lettre à l'Empereur Napoléon III suite à l'attentat du 6 juin - GrandTerrier

1867 - Lettre à l'Empereur Napoléon III suite à l'attentat du 6 juin

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§ E.D.F.
Une délibération du conseil municipal du 23 juin 1867 incluant l'adresse envoyée à l'Empereur Napoléon III suite à la tentative récente d'attentat à son encontre et celle d'Alexandre II, empereur de Russie en visite en France.

L'attentat eut lieu au bois de Boulogne, un coup de feu contre le landau découvert impérial ayant été tiré par un dénommé Antoni Berezowski [1], fils de nobles polonais. Un placard est publié par la préfecture de police : « Personne n'a été atteint. L'assassin a été arrêté immédiatement. ». Comme il est coutumier à cette époque, une lettre de soutien politique et citoyenne est rédigée en mairie d'Ergué-Gabéric et transmise à l'Empereur.

Folio 111, séance du 23.06.67, du registre des délibérations de 1851 à 1879 conservé aux Archives Municipales.

Autres lectures : « 1851-1879 - Délibérations du conseil municipal » ¤ « Joseph Le Roux, maire (1862-1881) » ¤ « Jean-Marie Déguignet et le soleil d'Austerlitz » ¤ 

[modifier] 1 Présentation

Archives Municipales d'Ergué-Gabéric, extrait folio 111, séance du 23 juin 1867
Archives Municipales d'Ergué-Gabéric, extrait folio 111, séance du 23 juin 1867

L'importance politique du soutien du conseil municipal à l'Empereur est telle que la lettre est publiée dans le registre de ses délibérations. Cette adresse collective s'adresse personnellement à Napoléon III qui est 3 fois apostrophé par le titre de « Sire ! », et par ailleurs par les termes « l'élu de la nation française » et « l'Empereur des Français ».

Le texte démarre pompeusement par cette phrase : « La divine providence qui veille sur tout a encore voulu dans ces derniers jours montrer sa puissance en Vous sauvant si miraculeusement ». Cette providence, une fois de plus, « a prouvé au monde entier que l'élu de la nation française est bien celui qu'elle a choisi et entre les mains duquel elle désirait mettre les destinées de la france ».

La salutation finale de la lettre est : « Vive l'Empereur ! Vive l'Impératrice ! Vive le Prince Impérial [2] ». Le souverain russe, qui est la vraie cible du terroriste patriote polonais, est désigné par les mentions de « votre souverain hôte » et « vos augustes personnes » au premier paragraphe.

Alexandre II est en visite en France, car cette année-là la France accueille une section russe pour la première fois dans une Exposition universelle parisienne. Le Tsar est invité par Napoléon III à visiter l’Exposition universelle de Paris, avec également l'objectif de renouer une alliance entre les deux États. Mais l'attentat au bois de Boulogne va faire capoter les discussions de rapprochements.

Ceci malgré le fait que l'assassin ne fut pas chanceux avec son pistolet à deux coups. C'est le cheval qui reçoit la première balle. Le second canon de l’arme lui éclate dans la main, et il est sérieusement blessé à la main droite, il veut crier « vive la Pologne » mais un agent le réduit au silence : on évacue alors le blessé qui échappe de peu à un lynchage par la foule.

Dans leur lettre, les gabéricois l'accusent en ces termes : « ces hommes méchants qui n'aspirent qu'au mal, qui veulent tout détruire et qui ne désirent que la guerre civile ».

 
Image d'Epinal de l'attentat de Boulogne
Image d'Epinal de l'attentat de Boulogne

Cette allusion à la guerre civile est sans doute une interprétation des conditions de l’insurrection en Pologne, alors dans l’empire de Russie, qu'Alexandre II a réussi à mater, et que le patriote polonais a voulu venger.

Berezowski échappe à la peine de mort, et est seulement condamné à un emprisonnement au bagne de Nouvelle-Calédonie, ceci grâce à une brillante plaidoirie de son avocat Emmanuel Arago. Cette clémence entraîne une aggravation des tensions entre la France et la Russie.

Berezowski fait l'objet d'une demande d'amnistie en 1906, mais son état d'aliénation ne permet pas sa libération, et il meurt en 1916 à l’hôpital du Marais de l’île Nou.


[modifier] 2 Transcriptions

Le conseil municipal d'Ergué-Gabéric (finistère), réuni à la mairie a voté à l'unanimité l'adresse suivante à sa majesté Impériale l'Empereur des Français à l'occasion du grand danger auquel Elle vient d'échapper.

Sire

La divine providence qui veille sur tout a encore voulu dans ces derniers jours montrer sa puissance en Vous sauvant si miraculeusement, Vous Sire et votre souverain hôte, de l'affreux attentat dirigé contre vos augustes personnes. Une fois de plus elle a prouvé au monde entier que l'élu de la nation française est bien celui qu'elle a choisi et entre les mains duquel elle désirait mettre les destinées de la france.

 

Sire ! nous sommes heureux de leur prouver combien cet attentat nous inspire d'horreurs, combien nous désapprouvons ces hommes méchants qui n'aspirent qu'au mal, qui veulent tout détruire et qui ne désirent que la guerre civile.

Vive l'Empereur ! Vive l'Impératrice ! Vive le Prince Impérial [2].

Ainsi délibéré en séance le 23 juin 1867.

Signatures :

  • Guenno ; J. Nédélec ; Le Roux, maire ;
  • Goff ; Le Corre ; Signour ; Roux Alain ;
  • Guillaumet ; Yaouanc ; Jaouen


[modifier] 3 Originaux

[modifier] 4 Annotations

  1. Antoni Berezowski (né le 9 mai 1847 en Ukraine, et mort le 22 octobre 1916 en Nouvelle-Calédonie) est un patriote polonais, responsable d'une tentative d'assassinat sur l'empereur russe Alexandre II. Il déclare avoir voulu tirer sur le tsar dans le but de libérer sa patrie; exprimant des regrets d'avoir fait cela dans un pays ami : la France. Défendu par Emmanuel Arago, Berezowski échappe à la peine de mort. Il est déporté au bagne de l'île de Nou (Nouvelle-Calédonie). En 1886 le bagne est remplacé par un exil à vie. En 1906 le gouvernement Clemenceau projette de l'amnistier, mais il mourra 10 ans plus tard dans la concession du bagne en état d'aliénation. [Ref.↑]
  2. Napoléon Eugène Louis Jean Joseph Bonaparte, prince impérial, dit Louis-Napoléon3, né le 16 mars 1856 à Paris et mort le 1er juin 1879 en pays zoulou (actuelle Afrique du Sud), est le fils unique de Napoléon III, empereur des Français, et de son épouse, l’impératrice Eugénie. Appelé Louis par ses parents, il signe Napoléon après la mort de son père, le 9 janvier 1873, au lieu de Louis-Napoléon précédemment. Il est parfois désigné sous le nom de « Napoléon IV » et surnommé « Loulou » (Wikipedia). [Ref.↑ 2,0 2,1]


Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric.

Date de création : Mars 2017    Dernière modification : 9.01.2020    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]