1858 - Supplique du maire à Napoléon III en visite finistérienne - GrandTerrier

1858 - Supplique du maire à Napoléon III en visite finistérienne

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La lettre est, sur le fond et la forme, intéressante à plus d'un titre. Le style, tout en étant un rien alambiqué, contient des formules habiles et faussement naïves pour susciter la générosité impériale. La lettre met en lumière le contexte politique de l'époque, que ce soit les élections législatives de 1852 et 1857, la fiscalité locale, notamment les droits d'octroi, mais aussi l'engagement de la municipalité pour la défense des intérêts et du patrimoine religieux. La lettre est, sur le fond et la forme, intéressante à plus d'un titre. Le style, tout en étant un rien alambiqué, contient des formules habiles et faussement naïves pour susciter la générosité impériale. La lettre met en lumière le contexte politique de l'époque, que ce soit les élections législatives de 1852 et 1857, la fiscalité locale, notamment les droits d'octroi, mais aussi l'engagement de la municipalité pour la défense des intérêts et du patrimoine religieux.
-Les documents, la lettre originale et les réponses du ministère et de la préfecture, conservés des Archives Départementales de Quimper sous la côte 1G181.+Les documents, la lettre originale et les réponses du ministère et de la préfecture, conservés des Archives Départementales de Quimper sous la côte 3 O 595.
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§ E.D.F.

Sommaire

1 Introduction

Durant l'été 1858, l'Empereur des Français visita la Bretagne avec son épouse Eugénie, en passant par les villes de Rennes, Brest et Quimper. Une visite triomphale qui visait à conforter le régime dans une région travaillée par les royalistes légitimistes et les républicains. Le maire d'Ergué-Gabéric lui envoya à cette occasion une lettre dans laquelle il présentait une demande de secours communale, mais celle-ci ne fut pas honorée.

La lettre est, sur le fond et la forme, intéressante à plus d'un titre. Le style, tout en étant un rien alambiqué, contient des formules habiles et faussement naïves pour susciter la générosité impériale. La lettre met en lumière le contexte politique de l'époque, que ce soit les élections législatives de 1852 et 1857, la fiscalité locale, notamment les droits d'octroi, mais aussi l'engagement de la municipalité pour la défense des intérêts et du patrimoine religieux.

Les documents, la lettre originale et les réponses du ministère et de la préfecture, conservés des Archives Départementales de Quimper sous la côte 3 O 595.

Napoleon III
Napoleon III

2 Transcriptions

Supplique du maire

Cabinet de l'Empereur. Arrivée le 16 août. Voyage de Bretagne.

Supplique du maire [1] d'Ergué-Gabéric en faveur des intérêts religieux et matériels de sa commune.

Adresse communale. Demande de secours pour la commune.

Intérieur. M. Duparc a communiqué à Mr le Préfet pour qu'il apprécie et prenne ensuite, ou provoque, telle décision qu'il appartiendra.



Le maire d'Ergué-Gabéric, canton de Quimper, à sa majesté Napoléon III, Empereur des Français,

Partout sur votre passage, des acclamations joyeuses ; partout, des souhaits, des compliments, des bénédictions pour votre auguste personne, pour l'Impératrice et le Prince Impérial : qu'elle daigne accueillir aussi ceux que tous mes administrés lui adresse en ce jour, par mon faible organe, avec expressément, avec sincérité, avec bonheur.

Mais, Sire, partout également sur votre passage et pour en rendre le souvenir durable et salutaire, autant que pour répondre à votre âme généreuse, magnanime, votre majesté Impériale se plaît à laisser des marques de son amour, de sa sollicitude, à répondre des bienfaits de tout genre. J'ose, Sire, en solliciter une part en faveur de mes administrés, vos sujets respectueux et dévoués, dont les suffrages unanimes vous ont été acquises en 1852, comme ils l'ont été en 1857 au candidat du gouvernement à la députation.

Tout ce qui leur est cher autour d'eux, et chez eux, se trouve dans un état fâcheux

Leur église paroissiale, par exemple, manque d'objets utiles ou nécessaires à la décence, à la majesté d'un temple et d'un culte catholiques.

Leur cimetière a besoin de murs qui le protègent contre toute pollution regrettable et scandaleuse.

Leur presbytère, Sire, outre son aspect rebutant, qui révèle une sorte d'ancienne prison féodale et qui sied si mal à sa destination actuelle, exige encore des soins d'entretien, de propreté, de sûreté.

Leur belle chapelle de Kerdévot dédiée à la puissante protectrice et patronne de votre Empire, chapelle de grand renom dans tout le département, et dont la fête se fait le 8 septembre, illustrée plus d'une fois par des miracles, notamment en 1801, 1811 et 1850, est difficilement accessible en tout temps, et pour cela compte moins de pèlerins, moins d'offrandes.

Enfin, Sire, leurs routes vicinales restent inachevées et inutiles pour eux.

Voilà, Sire, en abrégé, mais en réalité, la situation de mes administrés, d'autant plus à plaindre qu'elle elle imméritée ou indépendante de leurs efforts, de leurs sacrifices pour l'améliorer.

Qui donc, Sire, la leur a faite cette situation : d'une part l'insuffisance de leurs ressources communales, accrues cependant de deniers d'octroi [2], et de l'autre, l'obligation qui leur incombe, malgré leurs réclamations, d'appliquer, chaque année, les 8/9 de leurs prestations en nature à l'entretien d'une route de grande communication qui relie les départements Finistère, Morbihan et Cotes-du-Nord et qui sert aux transports de lettres échangés entre ces départements [3].

Votre Majesté connait maintenant la double cause de leur état de souffrance ; elle connait, mieux que nous, les moyens d'y remédier, si elle daigne seulement le vouloir et elle le voudra, nous l'espérons, s'il est possible et l'en supplions tous unanimement, car elle est juste, puissante, généreuse, éclairée, bienfaisante, et nous tous, Sire, qu'elle aura rendus satisfaits et heureux, nous redoublons nos vœux et nos sentiments pour votre Majesté, pour son auguste compagne et pour le jeune prince Impérial.

Je suis avec le plus profond respect, Sire, de votre Majesté Impériale, le très humble, très fidèle et bien dévoué serviteur et sujet. Le maire d'Ergué-Gabéric, Feunteun [1].

Ministère de l'Intérieur

Ministère de l'Intérieur. Division communale et hospitalière. 4e bureau. Finistère.

Communication d'une pétition du Maire d'Ergué-Gabéric ayant pour objet d'obtenir une allocation de fonds pour des dépenses d'utilité communale.

6985. [...] au Préfet de cette affaire.



Paris le 22 aout 1858

Monsieur le Préfet, Monsieur le Maire [1] d'Ergué-Gabéric a adressé à l'Empereur une pétition qui m'a été transmise comme rentrant dans mes attributions et qui a pour objet de solliciter une allocation de fonds pour des dépenses d'utilité communale.

J'ai l'honneur de vous communiquer cette pétition en vous priant de l'examiner et, s'il y a lieu, de prendre ou de provoquer telle décision qu'elle vous paraitrait motiver.

Revevez, Monsieur le Préfet, l'assurance de ma considération très distinguée.

Pour : le Ministre Secrétaire d'Etat au Département de l'Intérieur. Le Secrétaire Général. J. Corunay.

A Monsieur le Préfet du Finistère.

Préfecture

Cadu [...] communales

Divisions Communales et Hospitalières. 4e bureau. Pétition du Maire d'Ergué-Gabéric ayant pour objet d'obtenir une allocation de fonds pour des dépenses d'utilité communale. Renseignements. A Rabore.

Dépenses d'utilité communale. Demandes de secours en observation.

Expédiée



3 septembre 1858

Au Ministre de l'Intérieur,

Votre Excellence m'a fait l'honneur de me transmettre une pétition adressée à l'Empereur par Mr le Maire d'Ergué-Gabéric et qui a pour objet de solliciter une allocation de fonds pour des dépenses d'utilité communale.

Cette pétition, qui contient un exposé des besoins de la commune, est conçue dans des termes très vagues. Elle se borne à énumérer les travaux qu'il serait utile de faire exécuter, dans un avenir rapproché, sans préciser ceux qui sont réellement urgents, ni indiquer les ressources que la commune peut y consacrer.

Il y a donc, en l'état, aucune suite à donner à la demande de Mr le Maire d'Ergué-Gabéric.

J'ai informé ce fonctionnaire en lui traçant la marche qu'il doit suivre pour obtenir, s'il y a lieu, le concours de l'Etat, de celui du Département.

Je suis M...





Au Maire [1] d'Ergué-Gabéric,

Mr le Ministre de l'Intérieur m'a transmis une pétition que vous avez adressée à l'Empereur pendant sont voyage en Bretagne, à l'effet d'obtenir une allocation de fonds pour les dépenses d'utilité communale.

Cette pétition qui contient un exposé ... (copier le paragraphe).

En l'état je ne puis donner aucune suite à votre pétition. Toute demande de secours doit être formulée par le Conseil municipal et appuyée des pièces justifiant l'utilité de la dépense, entre autres les plans et devis formant le projet des travaux à exécuter.

Je dois vous faire remarquer que votre commune est moins que toutes autres en droit de se plaindre de la pénurie de ses ressources, attendu qu'elle a obtenu tout récemment l'établissement d'un octroi [2] sur les boissons, ressource importante qui manque à bien des communes.

J'ajouterai que je ne vois pas qu'elle soit fondée à faire valoir ses sacrifices : je ne sache pas, en effet, qu'elle se soit souvent imposée extraordinairement pour des travaux d'utilité communale.

Recevez Mr ...

3 Originaux

4 Annotations

  1. Michel Feunteun fut maire d'Ergué-Gabéric de 1855 à 1862. [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2 1,3]
  2. Octroi, s.m. : contribution indirecte perçue autrefois par les municipalités à l'importation de marchandises sur leur territoire. Cette taxe frappait les marchandises les plus importantes et les plus rentables telles que le vin, l'huile, le sucre, le café, etc. Il est signalé dès le XIIe siècle à Paris et servait à financer l'entretien des fortifications et les travaux d'utilité publique. Ce terme désigne également l'administration chargée de prélever cette taxe. Elle contrôlait chaque porte de la ville à l'aide de barrières souvent disposées entre des pavillons symétriques. Les droits d'octroi furent supprimés le 20 janvier 1791 par l'Assemblée constituante, puis rétablis par le Directoire le 18 octobre 1798. Au 19e siècle, pour subvenir aux dépenses communales, les municipalités étaient autorisées à établir et percevoir des droits d'octroi sur certaines marchandises de consommation locale à l'entrée dans leur ville. Ces taxes furent supprimées définitivement par la loi n° 379 du 2 juillet 1943 portant suppression de l'octroi à la date du 1er août du gouvernement Pierre Laval. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,0 2,1]
  3. Les transports se faisaient obligatoirement par la route car l'arrivée du chemin de fer à Quimper n'eut lieu qu'en 1863 [Ref.↑]