1791 - Requête municipale contre une fille de mauvaise vie - GrandTerrier

1791 - Requête municipale contre une fille de mauvaise vie

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À la réception de la requête signée par Jérôme Kergourlay, premier maire de la commune, le Directoire du District de Quimper se prononce pour « <i>enjoindre à la fille de se retirer incessamment de la dite paroisse, et au cas qu'elle y reparaisse, à la faire arrêter et conduire aux prisons de cette ville</i> », au nom du principe de « <i>la liberté qu'a incontestablement toute communauté de chasser de son sein les individus qui n'ayant aucun titre à son assistance, lui paroitroient dangereux.</i> ». À la réception de la requête signée par Jérôme Kergourlay, premier maire de la commune, le Directoire du District de Quimper se prononce pour « <i>enjoindre à la fille de se retirer incessamment de la dite paroisse, et au cas qu'elle y reparaisse, à la faire arrêter et conduire aux prisons de cette ville</i> », au nom du principe de « <i>la liberté qu'a incontestablement toute communauté de chasser de son sein les individus qui n'ayant aucun titre à son assistance, lui paroitroient dangereux.</i> ».
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In fine, craignant que l’intéressée communique à tout le canton le mal dont elle est atteinte, le Directoire décrète « <i>qu'à la diligence du maire et procureur de la commune de la municipalité d'Ergué-Gabéric, la fille dont il s'agit sera incessamment appréhendée et conduite aux prisons de Quimper et ensuite transférée au frais de l'Etat à l'Hopital vénérien de la ville de Brest pour part les gens de l'art, les remèdes convenables, lui être administré, jusqu'à parfaite guérison, et ensuite renvoyé à la municipalité de droit</i> ». In fine, craignant que l’intéressée communique à tout le canton le mal dont elle est atteinte, le Directoire décrète « <i>qu'à la diligence du maire et procureur de la commune de la municipalité d'Ergué-Gabéric, la fille dont il s'agit sera incessamment appréhendée et conduite aux prisons de Quimper et ensuite transférée au frais de l'Etat à l'Hopital vénérien de la ville de Brest pour part les gens de l'art, les remèdes convenables, lui être administré, jusqu'à parfaite guérison, et ensuite renvoyé à la municipalité de droit</i> ».
L'hôpital militaire de Brest est bien chargé au 18e siècle du traitement anti-vénérien en Cornouaille et Léon. En 1763 le chirurgien-major M. de Montreux rapporte à son Ministère y avoir traité avec succès des centaines de Vénériens, ceci grâce aux dragées de Jean Keyser <ref>« <i>Examen d'un Livre Qui a pour titre, Parallèle des différentes Méthodes de traiter la Maladie Vénerienne</i> », Paris, P.F. Gueffier, MDCCLXV. Pages 177 et 178 : [[:Image:ExamenParaVén-177.jpg]], [[:Image:ExamenParaVén-178.jpg]].</ref>. Ces dernières sont en fait des pilules d'acétate de mercure et d'amidon dont la formule est vendue par son inventeur au gouvernement français en 1772 <ref>cf « <i>Dictionnaire des sciences médicales par une société de médecins et de chirurgiens,</i> », Paris, Panckoucke, 1814. Article "Dragée", page 244 : [[:Image:DictSciencesMéd-244.jpg]].</ref>. L'hôpital militaire de Brest est bien chargé au 18e siècle du traitement anti-vénérien en Cornouaille et Léon. En 1763 le chirurgien-major M. de Montreux rapporte à son Ministère y avoir traité avec succès des centaines de Vénériens, ceci grâce aux dragées de Jean Keyser <ref>« <i>Examen d'un Livre Qui a pour titre, Parallèle des différentes Méthodes de traiter la Maladie Vénerienne</i> », Paris, P.F. Gueffier, MDCCLXV. Pages 177 et 178 : [[:Image:ExamenParaVén-177.jpg]], [[:Image:ExamenParaVén-178.jpg]].</ref>. Ces dernières sont en fait des pilules d'acétate de mercure et d'amidon dont la formule est vendue par son inventeur au gouvernement français en 1772 <ref>cf « <i>Dictionnaire des sciences médicales par une société de médecins et de chirurgiens,</i> », Paris, Panckoucke, 1814. Article "Dragée", page 244 : [[:Image:DictSciencesMéd-244.jpg]].</ref>.
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On peut penser que le remède administré à l’hôpital de Brest sera efficace et que la fille gabéricoise, guérie de son mal, pourra revenir dans sa commune d'origine pour y élever son enfant. On peut penser que le remède administré à l’hôpital de Brest sera efficace et que la fille gabéricoise, guérie de son mal, pourra revenir dans sa commune d'origine pour y élever son enfant.
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-image:LettreProstituée1791-4.jpg|Registre du 19 mai+Image:ADF-2L4-1.jpg|Liasse
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==Annotations== ==Annotations==

Version du 31 mai ~ mae 2023 à 08:21

Catégorie : Archives    
Site : GrandTerrier

Statut de l'article :
  Image:Bullorange.gif [Développé]
§ E.D.F.
Une requête adressée au Directoire du District de Quimper par les représentants de la municipalité d'Ergué-Gabéric.

L'objet de la demande est de pouvoir chasser une fille de mauvaise vie du territoire de la commune.

Autres lectures : « Jérôme Kergourlay, maire (1790-1792) » ¤ « 1790 - Un recensement inédit à Ergué-Gabéric » ¤ « 1789 - Le cahier de doléances du Tiers-Etat d'Ergué-Gabéric » ¤ « 1908 - Un scandale clérical à Ergué-Gabéric dévoilé par le commissaire Judic » ¤ 

Image:ActeSource2.jpg

Présentation

Ces documents conservés aux Archives Départementales du Finistère sous la cote 12 L 4, comprenant une pétition communale et les réponses des autorités révolutionnaires, constituent un véritable morceau d'anthologie.

Le 14 mai 1791, les conseillers de la commune nouvellement créée formulent une pétition auprès des instances administratives révolutionnaires pour se plaindre des agissements d'une fille de mauvaise fréquentation : « 1° Elle n'est pas originaire de notre paroisse, 2° elle a la vérole, 3° elle se lave dans neuf fontaines dans la persuasion de se guérir, superstition, elle est de mauvais exemple, elle a fréquenté les soldats, elle a eu un enfant.  »

À la réception de la requête signée par Jérôme Kergourlay, premier maire de la commune, le Directoire du District de Quimper se prononce pour « enjoindre à la fille de se retirer incessamment de la dite paroisse, et au cas qu'elle y reparaisse, à la faire arrêter et conduire aux prisons de cette ville », au nom du principe de « la liberté qu'a incontestablement toute communauté de chasser de son sein les individus qui n'ayant aucun titre à son assistance, lui paroitroient dangereux. ».

In fine, craignant que l’intéressée communique à tout le canton le mal dont elle est atteinte, le Directoire décrète « qu'à la diligence du maire et procureur de la commune de la municipalité d'Ergué-Gabéric, la fille dont il s'agit sera incessamment appréhendée et conduite aux prisons de Quimper et ensuite transférée au frais de l'Etat à l'Hopital vénérien de la ville de Brest pour part les gens de l'art, les remèdes convenables, lui être administré, jusqu'à parfaite guérison, et ensuite renvoyé à la municipalité de droit ».

L'hôpital militaire de Brest est bien chargé au 18e siècle du traitement anti-vénérien en Cornouaille et Léon. En 1763 le chirurgien-major M. de Montreux rapporte à son Ministère y avoir traité avec succès des centaines de Vénériens, ceci grâce aux dragées de Jean Keyser [1]. Ces dernières sont en fait des pilules d'acétate de mercure et d'amidon dont la formule est vendue par son inventeur au gouvernement français en 1772 [2].

 

On peut penser que le remède administré à l’hôpital de Brest sera efficace et que la fille gabéricoise, guérie de son mal, pourra revenir dans sa commune d'origine pour y élever son enfant.


Transcriptions

Lettre du conseil municipal :

Ce 14 mai 1791

Messieurs,

Nous soussignés officiers municipaux assemblés de la paroisse d'Ergué-Gabéric, nous supplions très humblement de prendre en considération la plainte que nous vous portons, avec confiance, d'une fille de mauvaise vie que nous avons sur notre paroisse.

1° Elle n'est pas originaire de notre paroisse, 2° elle a la vérole, 3° elle se lave dans neuf fontaines dans la persuasion de se guérir, superstition, elle est de mauvais exemple, elle a fréquenté les soldats, elle a eu un enfant.

Les habitants qui ne peuvent avoir de l'eau potable que de ces fontaines sont dans la plus grande gêne et souffrent d'être obligés de boire de ces fontaines, se trouvant dans l'impossibilité d'en trouver d'autres.

Nous sommes avec un respectueux attachement,

Messieurs Jérome Kergourlay [3] maire
Alain Rannou officiel municipal
J. Mahé secrétaire greffier

Faire suivre du directoire du district :

Directoire du District [4]

Quimper 19 mai 1791 | 4e comité | Enregistré art. 502

Messieurs,

Nous avons l'honneur de vous adresser ci-joint copie conforme de notre avis sur votre requette qui nous a été présentée par la municipalité d'Ergué-Gabéric.

Nous sommes avec respect,

Les administrateurs composant le directoire du district [4], Ambroise Duhaffond, v.p., Le Baron

Délibération du 19 mai :

Extrait du registre de délibération du directoire de District [4] de Quimper

Du 19 mai 1791,

Séance tenue par M. Ambroise Duhaffond, vice-président, assisté de Charles Les Baron.

Présent François Abgrall, commissaire syndic,

Vu la lettre du quinze de ce mois, signée Jérome Kergourlay [3], Alain Rannou, officier municipal, et J. Mahé secrétaire greffier de la Municipalité d'Ergué-Gabéric, et [...] François Abgrall.

 

Suite séance du 19 mai :

Considérant que ne fut pas à craindre que l'inconduite de la fille dont se plaignent les habitants du grand Ergué, ne produisit parmi eux les effets qu'ils en redoutent, il suffiroit pour autoriser leur réclamation de la liberté qu'a incontestablement toute communauté de chasser de son sein les individus qui n'ayant aucun titre à son assistance, lui paroitroient dangereux.

Le Directoire est d'avis d'autoriser le maire [3] d'Ergué-Gabéric d'enjoindre à la fille dont ils se plaignent de se retirer incessamment de la dite paroisse, et au cas qu'elle y reparaisse, à la faire arrêter et conduire aux prisons de cette ville, pour en être statué ce que sera vu de justice.

Fait en Directoire de ce district [4] à Quimper.

Séance du 27 mai :

Copie de l'extrait du registre du département de finistère du 27 mai 1791

Séance tenue par M. Kergariou assisté de MM. Pascal vice-président, Cosson, Vellet, Morvan, Grivart, Guezno, Administrateurs

Présent Mr Capitaine, procureur général syndic, vû la lettre de la municipalité d'Ergué-Gabéric du 15 mai présent mois, tendante à être auttorisée à expulser de son resort une fille de mauvaise vie inconnue, attaquée du mal vénérien et l'avis du district du 19 sur la ditte lettre.

Considérant qu'il est à craindre que cette fille ne communique par son inconduite non seulement dans l'arrondissement d'Ergué-Gabéric, mais encore dans tout le canton, le mal dont elle est atteinte.

Considérant combien il doit répugner aux citoyens de cette municipalité de puiser l'eau dont ils ont besoin dans des fontaines où elle prend continuellement des bains.

Considérant enfin qu'il suffit de la liberté qu'a incontestablement toute communauté de bannir de son sein tout individus vagabonds, oui le procureur général syndic en ses conclusions

Le Directoire a arrêté qu'à la diligence du maire et procureur de la commune de la municipalité d'Ergué-Gabéric, la fille dont il s'agit sera incessamment appréhendée et conduite aux prisons de Quimper et ensuite transférée au frais de l'Etat à l'Hopital vénérien de la ville de Brest pour part les gens de l'art, les remèdes convenables, lui être administré, jusqu'à parfaite guérison, et ensuite renvoyé à la municipalité de droit, fait en Directoire de département à Quimper, signé Le Corre, suppt le Sre Gall.

Pour copie conforme à l'original déposé au secrétariat du district [4] à Quimper, signé Ambroise Du Haffond v.p. et Giraud pour le secrétaire.


Archives départementales


Annotations

  1. « Examen d'un Livre Qui a pour titre, Parallèle des différentes Méthodes de traiter la Maladie Vénerienne », Paris, P.F. Gueffier, MDCCLXV. Pages 177 et 178 : Image:ExamenParaVén-177.jpg, Image:ExamenParaVén-178.jpg. [Ref.↑]
  2. cf « Dictionnaire des sciences médicales par une société de médecins et de chirurgiens, », Paris, Panckoucke, 1814. Article "Dragée", page 244 : Image:DictSciencesMéd-244.jpg. [Ref.↑]
  3. Jérome Kergourlay fut le premier maire d'Ergué-Gabéric de 1791 à 1795. [Ref.↑ 3,0 3,1 3,2]
  4. District : Subdivision de département établie par la loi du 22 décembre 1789. Les districts étaient moins étendus que les arrondissements actuels. Administré par un directoire du district. Source : Littré. [Ref.↑ 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4]


Thème de l'article : Etude et transcriptions d'actes anciens

Date de création : Août 2009    Dernière modification : 31.05.2023    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]