1770-1790 - Le Corps Politique d'Ergué-Gabéric - GrandTerrier

1770-1790 - Le Corps Politique d'Ergué-Gabéric

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§ E.D.F.

Sommaire

Extrait d'un article d'Antoine Favé publié dans le Bulletin de la Société d'Archéologie du Finistère de 1893.

Autres lectures : « FAVÉ Antoine - Notes sur la vie rurale en Cornouaille aux 18e et 19e siècles » ¤ « 1749 - Cahiers de délibérations du Général et du Corps politique des paroisses » ¤ « 1768 - Emprunt et constitution sur la fabrique d'Ergué-Gabéric‎ » ¤ « 1777 - Emprunt et constitution sur la fabrique et Notre-Dame de Kerdévot » ¤ « 1773-1774 - Procédure criminelle pour le vol avec effractions à Kerdévot » ¤ « 1788 - Compte de Jean Le Pouppon, fabrique de Kerdévot » ¤ 

1 Introduction

En 1770, le Corps politique est composé de 12 membres qui rendent leur compte de gestion, non après trois mois, comme cela se fait en plusieurs paroisses, mais le jour même où ils signifient leur retraite. Les fabriques [1], comme l'attestent les délibérations, se retirent le premier dimanche de mai : « suivant la coutume de lad. paroisse » ; et « l'usage pratique dans la paroisse est de. changer le procureur terrien le premier dimanche de l'année ». Le Corps politique nomme « les asséeurs pour asseoir et faire la cueillette de la capitation et du vingtième » — « les collecteurs pour les rolles de garnison », — « le député des grands chemeins ». Sa compétence s'exerce sur les autorisations de poursuites pour défendre les intérêts de la communauté, la rédaction des contrats de constituts, leur remboursement, le renouvellement d'obligations, les lettres recognitoires etc.

Le Corps politique montre autant d'âpreté que d'honnêteté dans ses revendications et démarches pour assurer les intérêts temporels de la paroisse. MM Doucîn, Coroller et de Lécluze, avec M Chapentier, procureur, semblent constituer son conseil ordinaire en toutes difficultés de procédure.

2 Procès-verbaux des Lizien

Hervé Lizien fait parfois rédiger les procês-verbaux par son fils Hervé-corentin, qui signe alors a la requête de tout délibérant illettré et en son nom.

Dans ces débris informes que nous avons disputé feuille par feuille au temps, à l'humidité et aux rats, il doit y avoir au moins 20 rôles paraphés. Voici les événements qu'ils relatent et que... Hervé Lizien enregistre pour l'histoire à venir.

1776. — « A esté retirer du coffre-forre la somme des cinquante et trois livres quatorze sols pour payer les massons qui ont travaillé pour réparer le mur du scemétière à raison de vingt sols par jour ».

Février 1776. — Le Corps politique, « vu la circulaire de M. de Saint-Julien, receveur general du clergé; en date du 28 décembre 1775, ont dellibéré de ne pas recevoir le remboursement de la somme, qu'ils ont sur le clergé, mais de nouveaux constitu au denier vingt cinq ont en consequence député et auttorisé Joseph Mahé, marguillier de la présante année, de donner à traiter à Monsieur Lennec (Laënnec), receveur du clerge à Quimper ».

5 mai 1776. — « S'est présenté Marc-Antoine Baldini, peintre de profession, qui s'est proposé de peindre l'église paroissialle. Le Corre politique a adhéré à ses offres luy a donné pouvoir et liberté dy travailler, sobligeant à luy payer pour ladite ouvrage une somme de soixante-deux livres dont ils sont convenus, ladite somme lui ayant este comté et numéro par ce Corre politique ».

« Par suite de la mesme dellibération le Corre politique la auttorisé à peindre le grand autel de Kerdévot et ses deux autels collatéraux de lad. église et a commander luy payer la somme de cent livres à la fein de louvrage, à quoy ledit peintre a adhéré ».

28 juillet 1770, — « En présence (des délibérateurs) a esté retiré du coffre-forre la somme de quinze livres pour payer le nommé Marc-Antoine Baldini, peintre, pour avoir peinte la croix de Mission, plus esté retiré du coffre-forre de la chapelle de Nostre-Damme de Kerdévot pour payer ledit Baldini pour le marché consanty par luy au cor poleticque (sic) en date du cinq mars mil sept cent soixante et treize, pour peindre le grand autel et les deux autels collatero (sic) de lad. chapelle. Et a esté a landroit payé et numéré audit Baldini la somme cy devant dénomés ».

Nous ne savons rien autre du signor Marc-Antoine Baldini [2]; toutefois notre sympathie pour lui se trouve modérée parce que nous le soupçonnons véhémentement d'être le manœuvre qui prit sur lui de retoucher le compartiment supérieur de notre retable de Kerdévot, représentant le Couronnement de la Sainte Vierge.

3 Vols de sacristie

Aux Archives départementales, série B, on trouve sous les n0 805, 910, des procédures pour vols avec effraction dans la chapelle de Kerdévot, - dans la sacristie : ces enquêtes criminelles sont de 1774.

Po,t-l'Abbé, Plomeur, etc., avaient vu leurs sacristies et leurs églises visitées par des bandes de rôdeurs et d'escrocs. Le Parlement, pour arrêter ces dépradations, dut prendre un arrêt des plus sévères. Nous en voyons la mention faite aux délibérations du Corps politique d'Ergué.

1er décembre 1776 — « Conformément à l'Arrêt rendu sur les remontrances et conclusions de Monsieur le procureur généralle du roy qui ordonne exécution de l'arrêt du treize décembre mil sept cent soixante et quinze et enjoint les paroisses de ferre coucher les sacristins dans les seacresties depuis le premier novembre jusqu'au trente avril de chaque année, einsy la Cour faisant droit ... ordonne que larret du 13 décembre 1775 sera bien dùment exécuté en toutes les paroisses de la Province ».

 

« En conséquence enjoint et fait commander à ceux qui ont négligé l'exécution de sassembler huitaine après la réception du présent arret pour charger le sacristain de coucher dans la sacristie lequelle sera tenu d'avertir les paroissiens soit par le son des cloches ou autrement des tentatives qui pourraient être faites pour s'introduire dans l'église ou dans la sacrestie ou dans la chambre des dellibérations ..., et ce à raison de trois livres par mois de rétributions qui seront alloués dans le compte des marguilliers. Ordonne pareillement que sur le refus desdits sacristains il sera sur le champ nommé d'autres particuliers qui voudraient souscrire lesdites conditions, et à défaut d'établir un gardien, condamne les dellibérants de chaque paroisse où il sera faite effraction conjointement soliderement et sans répétition aux frais des réparations quelle occasionnera et ceux de la descente des juges et experts auxquels elle donnera lieu ». En conformité, etc, en 1775, le Corps politique « s'assemble à l'annonce de huitaine à luy faite et choisit entre autres gens de probité Hervé Le Tytur pour garder et dormir dans la scacrestie, etc ... Ce qui fut exactement exécuté ».

« En conformité du second arret du 12 novembre 1776, le Corps politique fut assemblé ... et connessant par continuation la probité dudit Hervé Le Tytur lont continué comme gardien de ladite sacrestie où il a exactement couché à raison de trois livres par mois avec ordre de s'acquitter de toutes les obligations portées dans larrest de la Cour ou à défaut de ce d'être exulsé sur le champ et d'être à sa place nommé un autre ».

14 novembre 1779 — « Par suite de la délibération après lectures fettes au prone [3] de la grand'messe de larré qui ordonne de nommer un garde pour la sacristie, le généralle a nommé et nomme à cet effet Jacob Le Calloc'h, qui, après lectures dudit arret en langue vulguerre pour comêtre ses obligations et le somme de s'y conformer ».

4 Suite des délibérations

9 février 1777 — « Enregistrement d'un arrêt du Parlement au sujet de la tenue des registres paroissiens, condamnant le recteur de Pluvigner pour défaut d'exactitude dans l'enregistrement des actes de baptême, etc., et dans l'inscription des témoins: commet le sénéchal d'Auray pour suppléer, le tout aux frais du recteur de Pluvigner y compris l'envoi de l'arrêté à lire aux prones [3] des églises de la Province. Le corps politique certifie que lecture a été faite en vulguaire langue bretonne ».

16 juin 1780 — L'Assemblée révoque l'acceptation qu'elle avait déjà faite d'un testament le 16 mars 1777, parce que c'était un testament mutuel fait conjointement entre mari et femme « et qu'il y aurait une eimprudence enexcusable à demander l'exécution d'un testament nul » ; « et comme à cause de la capitation on veut faire payer les droits au lieutenant général des Fermes Unies de France, Sébastien Mahé, marguillier en charge, à ordre de notifier la révocation à Monsieur de Trémaudan, contrôleur actuel des actes à Quimper pour faire cesser les suites ».

28 septembre 1777 — « Le corps politique rassemblé — a représenté François Pâtérour, fabrice actuel de Saint-Guénolé, lurgent besoin de refondre la cloche de Saint-Guénolé fendue depuis longtemps et hors d'état de rendre aucun service de sonnement dans la parcelle ,vue ce besoin et les désirs de ladite parcelle, le Corre politicq délibérant ont consenty et consentent qu'elle soit fondue et mise en bon état et qu'en conséquence elle fut voiturée à Quimper ché le sieur Goubellin, fondeur de profession, qui s'oblige à fondre laditte cloche moyennant cinq sols par livres comme de coutume. Les dellibérants promettent au fabricque de le charger des deniers qu'il a en main et qui serviront au paiement . en cas qu'il n'aie point entre les mains les deniers suffisant pour faire le paiement. Ladite cloche a esté au poid du roy, elle se trouve pesé deux cents quatre-vingt-onze livres ».

29 octobre 1780 — « A représenté Louis Le Bian, fabrique actuelle de la chapayle de Notre-Damme de Kerdévot qu'il estait nécessaire de délibérer sur l'offre faite par Monsieur Marquer, facteur d'orgue, ayant son domicile à Quimper, de faire les réparations portés audit devis pour la somme de Neuf cent francs, et lui sera ladite somme payée par la moytier lorsque le somier.et les soufflets seront en place, et le reste à la fein de son ouvrage ». Signé : F. MARQUER.

Avant de quitter le greffier du Corps politique disons que au nom du duc de Penthièvre, gouverneur général de la province de Bretagne, il fut nommé « capitaine de Compagnie du Gué de la paroisse d'Ergué-Gabéric », (1er février 1787).

En avril 1790, il était commissaire nommé pour le Don Patriotique, et s'engageait pour 3 livres = son beau-frére, JeanJaouen, du Poulduic, époux de Marie Lizien prenait engagement de 12 livres :

  • 3 liv pour Pierre Jaouen, son fils.
  • 3 liv. pour Marie Petillon, fille de sa femme du premier lit.
  • 3 liv pour Gilles et Pierre Lizien, ses beaux-frères.

ANTOINE FAVE Vicaire à Ergué-Gabéric.


5 Annotations

  1. Fabrique, s.f. : désigne, avant la loi de séparation de l'église et de l'état, tantôt l'ensemble des biens affectés à l'entretien du culte catholique, tantôt le corps politique spécial chargé de l'administration de ces biens, ce au niveau de l'église paroissiale ou d'une chapelle. Les paroissiens trésoriers membres de ce corps étaient les « fabriciens », les « marguilliers » ou plus simplement jusqu'au 18e siècle les « fabriques » (s.m.). Les fabriques sont supprimées par la loi du 9 décembre 1905 et remplacées par des associations de fidèles. Source : site Internet restarhorniou. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  2. Originaire de Lucques, ville italienne de Toscane, Marc Antoine Baldini, naît dans cette ville en 1740. Il est le fils de Bathélémi et de Marie Jeanne Simoni et est baptisé dans l'église saint Jean-Baptiste, mais les détails de son baptême ne nous sont pas connus. Il est attiré par la peinture dans une ville tout entière tournée vers les arts et renfermant quelques beaux palais, une belle cathédrale saint-Martin «  San Martino » et plusieurs églises, dont celles de saint-Michel et saint-Jean Baptiste, remarquables par leur architecture et leurs nombreux objets d'art. Marc Antoine, vers l'âge de 16 ans et après sa formation, prend à son tour ses pinceaux et son matériel de doreur afin de rejoindre un groupe d'artistes en partance pour le royaume de France. Après un séjour dans le baillage de Thionville, il poursuit ses travaux de peintre et doreur dans toute la Bretagne et nous le trouvons à Ergué-Gabéric en 1766, à Lanriec en 1772 et 1778. Il peint le retable de la chapelle Saint-Lubin à Kergrist-Moëlou. [Ref.↑]
  3. Prône, s.m. : lecture faite par le prêtre, en chaire, après l’évangile, à la grand-messe. Le prône comporte des prières en latin et en français à l'intention des vivants, à commencer par le Roi, et des défunts ; parfois, mais pas toujours, une homélie commentant les lectures du jour ; et enfin une série d'annonces concernant les fêtes et les jeûnes à venir, les bancs de mariage, les monitoires de justice, les ordres adressés par le Roi, etc. On comprend ainsi que ce prône peut être fort long, mais il est essentiel pour la cohésion de la communauté paroissiale et pour la communication du haut en bas dans le royaume. Source : Dictionnaire de l'Ancien Régime. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 3,0 3,1]


Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric.

Date de création : Mars 2007    Dernière modification : 2.12.2012    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]