1749 - Cahiers de délibérations du Général et du Corps politique des paroisses - GrandTerrier

1749 - Cahiers de délibérations du Général et du Corps politique des paroisses

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§ E.D.F.

Sommaire

Extrait d'un article d'Antoine Favé publié dans le Bulletin de la Société d'Archéologie du Finistère de 1893.

Autres lectures : « FAVÉ Antoine - Notes sur la vie rurale en Cornouaille aux 18e et 19e siècles » ¤ « 1770-1790 - Le Corps Politique d'Ergué-Gabéric » ¤ « 1768 - Emprunt et constitution sur la fabrique d'Ergué-Gabéric‎ » ¤ « 1777 - Emprunt et constitution sur la fabrique et Notre-Dame de Kerdévot » ¤ « 1788 - Compte de Jean Le Pouppon, fabrique de Kerdévot » ¤ 

1 Introduction

Nous avons eu la bonne fortune de recueillir deux spécimens de ces précieux documents : le premier, un cahier de 18 rôles millésimé et paraphé par messire Hervé Gabriel de Silguy, Sénéchal, le 19 janvier 1748, et fournissant deux années de délibérations de la communauté d'Ergué-Gabéric. Les prêtres y tiennent généralement la plume et signent pour les délibérateurs et à leur requête. Les représentants de la communauté s'intitulent « le général de la paroisse ». On voit qu'à cette époque on nomme encore des fabrices [1] (ou fabriciens) pour les chapelles de Saint-Gildas, à Locqueltas, de Sainte-Apolline et de Saint-Joachim.

Vingt ans plus tard, on ne trouve plus de traces de gouverneurs pour ces chapelles, probablement délaissées faute de ressources. Pour Saint-Joachim, situé sur la route de Quimper à Elliant, nous avons trouvé aux archives du Finistère un renseignement assez intéressant dans une Déclaration et dénombrement de Guy de Charmoy, pour Lézergué et Kernaon. Ses armes -- de gueule a trois épées d'argent -- doivent su, trouver dans la maîtresse vitre de la Mère-Eglise, en supériorité après Sa Majesté ; et à Saint-Guézennec (Saint-Guénolé d'Ergué) en la vitre, du coté de l'Evangile, cl en bosse, dans le clocher. Barthélemy Le Poupon tenait le lieu noble de Congalic, relevant de Lézergué, moyennant par an deux combles de froment, huit combles de seigle, huit combles d'avoine, quatre chapons, "plus payement de la somme de quarante deux livres pour l'entretien du chapelain de Saint-Joachim." Sur le registre des délibérations que nous examinons nous voyons mentionner au long les difficultés existant entre le général et les héritiers de feu Sieur jean Edy, recteur d'Ergué, au sujet des réparations de la maison presbytérale. Les avocats consultants ordinaires du général sont maîtres Chiron, Rannou et Kerliézec. (Mai 1748).

2 Extraits des registres

Le 5 janvier 1749

Le général inscrit sur les registres la notification en 8 paragraphes de l'arrêt du Parlement « concernant le charroy des trouppes »", en date du 18 février 1746, et constate que le dit arrêt a été lu au prône de la Grand-Messe et déposé aux archives. Sur le registre des inhumations d'Ergué-Gabéric nous lisons à la date du 31 mai 1742 :

« Après que le sieur Triguer, prêtre, est arrivé du lieu de Lézergué où il a été faire la levée du cadavre de Marie Duval , femme de feu Daniel Courtay , son marie, et l'ayant conduit dudit village jusqu'à l'église ou ayant été exposé sur les traiteaux au lieu ordinaire, pendant qu'on allait se disposer à chanter l'office pour luy, des femmes se sont attroupées pour percer dans l'église pour ledit cadavre quoi qu'il y avoit une fosse faite dans le cimetière et l'ont inhumé ainsi sans aucune cérémonie à l'église ». Signé : J. Edy , recteur.

Cette intervention des mégères, dont il est question dans le procès-verbal est une manifestation populaire au sujet d'une procédure pendante à la cour du Parlement à Rennes.

Les faits formant les éléments de la cause sont clairement donnés dans la citation faite à Laurent le Denval à la date du 17 novembre 1741, pour s'être opposé « à ce que le cadavre de Denis Calvé fut inhumé dans le cimetière de l'église paroissiale dudit. Ergué, et d'avoir fait percer dans l'église de leur propre autorité pour y faire ladite Inhumation et ledit Poulmarc'h accusé d'avoir à la sollicitation des dits Calvé, Kerhua, et Denval, travaillé à faire dans ladite église la fausse où a été inhumé ledit cadavre ».

Note=Ils sont tous proches parents ! La citation l'appelait ainsi que les trois autres inculpés à comparaître au Présidial. Maître Royou, avocat de Messire Jean Edy, taxe à 12 livres.

« L’examen de la procédure instruite devant Monsieur le Juge criminel à la requête du Recteur du Grand-Ergué, quittance du 20 janvier 1742 ». Nota : sur les registres on ne trouve pas mention de l'inhumation de Denis Calvé !

Les accusés condamnés à Quimper feront appel du Parlement, et Jean-Nicolas Lons, huissier, demeurant à Saint-Julien signifiait à Messire Edy, parlant à sa servante domestique, le 29 décembre 1741, le relief d'appel pris à la chancellerie du Parlement, les condamnés constituant pour leur procureur Maître François Nouvel, rue aux Foulions) paroisse Saint-Germain de Rennes. Qu'advint-il de Cet appel ?'-- Les trois ou quatre pièces que nous possédons ne le disent pas.' Toutefois, ce procès, la revanche et les représailles impitoyables exercées par les femmes d'Ergué-Gabéric, lors de l'enterrement de Lézergué, indiquent une corrélation évidente entre ces faits. Jean Edy mourut le 18 décembre 1747, presque subitement, après avoir été Recteur de la paroisse pendant vingt-deux ans. Aux archives départementales (B 287) dans l'inventaire des papiers, après décès de Messire Jean Edy, on voit mentionner :

« une transaction passée entre ledit. deffunct et « Pierre Calvé, Jean Kerhua et Laurent Le Denval » .

Son successeur immédiat fut Messire GuilIo qui ne fit que passer, trouvant, sans doute, la situation trop épineuse et la succession trop lourde. P. A., de Kervégan de Suasse, lui succéda.

 

Les esprits étaient montés et l'on ne voulait rien entendre aux ordonnances et arrêts défendant les inhumations dans les églises. Le nouveau recteur dur Quimper avec cette, effervescence des esprits et put maintes fois constater que la classe rurale avait une influence réelle et incontestable avant 1749. C'est ce que nous montre le registre des délibérations du général.

Le 2 mars 1749

-- « En l'endroit le Sieur Recteur de ladite paroisse a remontré aux délibérateurs qu'il est besoin « de faire paver le bas et le haut de l'église de ladite paroisse d'Ergué-Gabéric. Le général, répondant à la ditte remontrance, a déclaré acquiescer à la construction dudit pavé, de l'employ des deniers de la fabrique ».

Mais le général pose une condition préalable « parce que, a dit-il, ledit sieur recteur ne s'opposera pas que les habitants deffuncts de laditte paroisse soient inhumés et enterrés dans les cottés de l'église. Ledit Sieur recteur ne voulant, de son cheff, se décider sur la demande du, général, en l'état, a remis à s'expédier à cet effet jusque avoir l'avis du Seigneur Évêque. Signé : De Kervégan de Suasse ».

Le 13 mars 1749

-- Le recteur remontre « qu'il est en sa connaissance qu'il y a eu un arrêt du Parlement dont ledit recteur ne se rappelle pas la datte, arrêt décrétant que nul cadavre ne serait inhumé dans les églises que pour les propriétaires des enfeux ou bien que payé ne soit une certaine somme a la fabrique : ladite somme n'estant point connue encore audit recteur, par conséquent il ne peut déroger à cet arrêt ni acquiescer à l'avis dudit Général  ».

Le général répond que : « l'arrêt luy est inconnu et a prié ledit Sieur recteur qu'il trouvât, bon qu'il se fit instruire des dispositifs dudit arrêt. Apres quoi ledit général réserve de se pourvoir en lad. Cour pour obtenir la permission, s'il est possible, de se faire inhumer dans les bas costés de l'église moyennant qu'ils en fournissent les pierres tombales et fassent les charroys nécessaires pour faire le passage de ladite église, parce que la fabrice fera les frais de l'oeuvre de main tant pour la taille que pour placer les pierres. Tel fut l'avis dudit général ».

Dix mois se passent et le projet de pavage de l'église n'a pas reçu le moindre commencement d'exécution : enfin, on le reprend, mais toujours sur les bases d'un contrat bilatéral.

Le 14 décembre 1749

« En l'endroit s'est présenté le Sieur recteur de laditte paroisse lequel a remontré aux déllibérants qu'il est nécessaire de faire paver la Mère-Eglise comme le général a témoigné qu'il souhaitait que les cadavres de la paroisse soient inhumés dans les bas costés de l'église. M. le recteur voulant obliger ledit général ne s'oppose pas que lesdits cadavres soient inhumés dans les bas costés de l'église parce les paroissiens dudit Ergué feront les charroys des pierres et iront les prendre dans les lieux qui leur seront désignés pour faire le pavé ».

Le général prendra, s'il le faut, sur les fonds des chapelles : Il prend charge des charrois, mais « pourvu qu ils ne soient pas distants de ladite Mère-Eglise de plus d'une lieue ou de cinq quarts de lieue ».

Jean Kerhua, un lettré, un des délibérateur du général,à la signature belle et correcte, comme on peut le voir aux procès-verbaux que nous venons de citer, n'était, autre que ce Jean Kerhua que défunt messire Edy devait recommander avec trois autres au juge criminel de Quimper,en novembre 1741, au sujet de l'affaire d'enterrement, scandale passé en l'église d'Ergué, à la mort de Denis Le Calvé.

Le 20 septembre 1749

-- « A été remontré de la part d'Alain Kernévez, fabrique en charge, qu'il est nécessaire de faire faire une horloge neuve en l'église, paroissiale: d'Ergué-Gabéric, attendu que celle qui y est actuellement, est de nulle valeur auquel effet et pour y parvenir ledit Kernévez a passé marché avec Charles Guéguen, horloger, de profession, demeurant à Pleiben, pour la somme de trois cents cinquante livres, compris une montre Sur quoi, il interpelle le général à déllibérer, lesquels déllibérants, après avoir ouï la lecture de, ce que dessus, en breton, sont tous unanimement d'avis qu'on, fasse faire une horloge neuve en ladite église paroissiale aux conditions ci-dessus et ont approuvé le marché ».

« et sont aussy d'avis lesdits délibérateurs que l'horloge soit placée en l'église Saint-Guénolé ».

On est tenté de sourire après avoir entendu attester dans la première partie de la délibération que l'horloge ne valait rien et, sans doute, pas même une réparation, de voir les délibérateurs décider ensuite l'installation de ce vénérable chronomètre à Saint-Guénolé. Peut-être croyaient-ils que le changement d'air serait arrivé à bout de rétablir sa bonne entente avec la marche du soleil. En tout cas, il est à croire que ce projet ne reçut pas d'exécution.


3 Annotations

  1. Fabrique, s.f. : désigne, avant la loi de séparation de l'église et de l'état, tantôt l'ensemble des biens affectés à l'entretien du culte catholique, tantôt le corps politique spécial chargé de l'administration de ces biens, ce au niveau de l'église paroissiale ou d'une chapelle. Les paroissiens trésoriers membres de ce corps étaient les « fabriciens », les « marguilliers » ou plus simplement jusqu'au 18e siècle les « fabriques » (s.m.). Les fabriques sont supprimées par la loi du 9 décembre 1905 et remplacées par des associations de fidèles. Source : site Internet restarhorniou. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]


Thème de l'article : Etude et transcriptions d'actes anciens

Date de création : juin 2006    Dernière modification : 1.12.2012    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]